La théorie du jus : les bases du contrôle d’orgasmes
Chasteté, contrôle d’orgasme, frustration, orgasmes ruinés, milking… Des pratiques très accessibles et qui pourraient, être pour toi aussi, une belle addition à ta vie sexuelle et/ou à ton cheminement BDSM.
C’est encore un sujet à propos duquel on me pose beaucoup de questions et me demande beaucoup de conseils… alors voilà, sous tes yeux ébahis, un petit condensé - je l’espère, assez complet - de mes connaissances à ce sujet !
Débutant cherchant les bonnes bases ou curieux en quête de nouveautés… cet article t’aidera très certainement à t’approprier ces pratiques plus sereinement et obtenir les clés pour en tirer le meilleur… donc toujours plus de plaisir à contrôler tes orgasmes.
Note : encore une fois, cet article prendra principalement en compte les personnes détentrices d’un pénis ! Mais l’écriture reste, comme toujours, inclusive et certains points pourront également intéresser les personnes à vulve, qu’iels souhaitent pratiquer elle.ux mêmes ou faire pratiquer le contrôle d’orgasme à leur.s partenaire.s de jeux !
Le contrôle d’orgasmes… c’est quoi ?
Commençons par la base, parce que, en soit, même le titre est mensonger !
J’utilise le terme général de “contrôle d’orgasme”, car il est souvent utilisé pour regrouper toutes les pratiques qui en découlent… Mais orgasme et excitation ou même éjaculation n’étant pas nécessairement liés, une petite précision s’impose : je parle bien, ici, au sens large, des pratiques liées aux jeux de contrôle, basés sur l’excitation et/ou la volonté d’éjaculer et la frustration de ces dernières !
Le contrôle d’orgasme comprends donc autant les jeux de type JOI (jerk-off instructions, donc instructions de masturbations), que de la chasteté pure et dure (avec usage d’un dispositif de chasteté type cage de chasteté, ou non), en passant par les jeux de frustration, de tease and denial (T&D, excitation avec privation d’éjaculer), d’orgasmes ruinés (cessation de la stimulation juste après le point de non-retou) et de milking (qu’on peut traduire par traite, dans le sens de traire les vaches, par exemple et qui consiste à des éjaculations forcées, souvent à répétition et donc sans nécessairement d’excitation, d’érection ou de plaisir…)
“Ok, mais à quoi ça sert ?”
Je te l’accorde, se masturber, éjaculer, avoir des orgasmes… c’est super agréable ! Alors pourquoi s’en priver ou rajouter du contrôle là-dedans ? Et bien, pour pimenter un peu les choses, tout simplement !
A mi-chemin entre BDSM et sexe vanille, le contrôle d’orgasmes est intéressant à explorer pour tous.tes celle.ux qui souhaitent rajouter un petit quelque-chose à leur sexualité, en particulier la sexualité vécue en solo, qui finit souvent par devenir mécanique, voir compulsive.
Dans ce cadre, rajouter une dimension de jeux basés sur le contrôle de ses pulsions, de son excitation, de son plaisir et même de ses éjaculations, permets aux sessions de masturbations d’être plus axées sur l’attention à soi, à ses réflexes, aux stimulations directes ou indirectes qu’on se procure et aux réactions du corps et du cerveau.
Ces pratiques, très faciles à expérimenter en solo, sont un premier pas souvent très apprécié vers la discipline sexuelle et le BDSM dit “soft” (même si le contrôle d’orgasme, pratiqué de façon plus avancée et/ou en complément d’autres pratiques, peut rentrer dans des dimensions plus “profondes”, voir “hard” du BDSM… mais ça c’est subjectif et ça fera l’objet d’un autre article !)
Voici une petite liste non-exhaustive qui devrait t’encourager à t’intéresser au sujet, qui que tu sois (et soumis.e ou non, d’ailleurs) !
Le contrôle d’orgasme, ça peut servir à :
Apprendre à te connaître : connaître ce qui provoque ton propre désir, à distinguer tes besoins de tes envies, apprendre à prendre du plaisir autrement, en stimulant d’autres zones, jouer avec ton propre “sweet-spot” en terme de tension sexuelle / frustration, etc.
Déconstruire tes automatismes de masturbation.
Découvrir ou explorer ta sexualité (en solo et/ou à plusieurs) autrement. En mettant, par exemple, ton orgasme et/ou éjaculation hors-jeu, alors il faut chercher d’autres moyens de profiter et de clôturer la session de plaisir.
Gérer une addiction à la pornographie ou à la masturbation, en trouvant de la stimulation autrement (dans les jeux de frustration ou dans la découverte de nouvelles sensations, par exemple).
Trouver les clés pour instrumentaliser ton désir et jouer avec ! La frustration peut être désagréable, mais une fois apprivoisée, elle peut aussi être source de beaucoup d’autres émotions très agréables (se sentir maître.sse de soi-même ou vraiment sous le contrôle de quelqu’un d’autre si on est accompagné.e, avoir plus d’énergie, l’euphorie du challenge réussi, etc). Jouer avec son désir, c’est aussi jouer avec sa libido (souvent plus stable lors de longues périodes de frustration/chasteté) et donc sa motivation à s’impliquer dans sa relation, BDSM ou non… ce qui nous mène même au prochain point :
Te sentir plus soumis.e et motivé.e à jouer et obéir. Pour beaucoup, le désir de soumission est très lié au niveau d’excitation. Jouer avec cette dernière et rajouter une dynamique de frustration dans la relation BDSM peut permettre, dans certains cas, d’atteindre les objectifs de soumission que tu te poses, de réaliser des fantasmes (BDSM ou non) que tu n’oserais pas faire une fois l’excitation retombée, de pouvoir te plonger plus longtemps au service de ta.on dom et éventuellement de t’entraîner, progressivement, à rester dans cet état de volonté de soumission de plus en plus longtemps, voir de façon quasi permanente.
En lien avec les deux points précédents : entrer plus facilement dans la “subspace”, cet état de lâcher-prise (voir d’emprise) très avancé qui te désinhibe et t’encourage à oser t’aventurer dans les méandres de tes fantasmes et de flirter avec tes limites habituelles…
Donner le contrôle sur ton intimité à ta.on dom ou même ta.on partenaire de sexe “vanille”, ce qui ouvre de superbe possibilités de jeu, plus ou moins complices… Jouer à deux, c’est encore mieux ;)
Dans le cadre d’une relation BDSM, ce sont des pratiques qui peuvent faire preuve de dévotion (faire voeu de chasteté, par exemple).
Complémenter d’autres pratiques BDSM pour un entraînement encore plus en profondeur : humiliations, SPH, anal, féminisation, ABDL…
La frustration et la chasteté, peuvent aussi être utilisés comme moyens de discipline, par renforcement négatif. Les comportements non souhaités par ta.on dom provoqueraient alors pour conséquence une période de chasteté ou de frustration non-souhaitée, qui ferait gage de punition… ce qui te découragerai fortement.
Bon, jusqu’ici ça fait sens… et ça aurai presque l’air facile. Mais il y a évidemment quelques problématiques et/ou difficultés à surpasser pour pouvoir profiter à fond de son expérience dans le monde fabuleux du contrôle d’orgasmes !
Commençons par les difficultés d’ordre physique ou technique… c’est un point qui concernera surtout la chasteté sur les personnes à pénis, car il y a beaucoup de craintes et d’interrogations autour du fait de garder les couilles pleines…
I - Les problématiques physiologiques / mécaniques
Les couilles bleues
C’est l’un des questionnements qui revient le plus quand j’accompagne des débutant.es en contrôle d’orgasmes, alors, justement, parlons-en !
Déjà : Oui ! Ça existe !
Mais… peut être que ce n’est pas exactement ce que tu t’imagines…
Non, tu n’as pas besoin de “vider tes couilles régulièrement”.
Non, ce n’est pas dangereux, ni d’être frustré.e, ni d’ “avoir les couilles bleues”.
Non, tes couilles ne vont pas exploser.
Calme-toi, respire, je t’explique tout !
Parfois ça n’a aucun effet et tu ne sens rien ou si peu. D’autres fois, les testicules sont tellement engorgés que cela créé une pression désagréable voir très douloureuse (semblable à ce que tu pourrais ressentir si quelqu’un te pressait les testicules plus ou moins fort). Ci-dessus, tu pourras observer la sublime représentation d’un testicule tout triste et pas à l’aise, tout écrabouillé par le sang stagnant.
Bon à savoir : ce désagrément n’est pas uniquement l’apanage des personnes à pénis ! Une vulve et un clitoris, ça se gorge aussi de sang au moment de l’excitation (les clitoris, ça a même des érections !) et ce sang peut aussi stagner au niveau de l’appareil génital et des ovaires ! Comme il ne s’agit pas d’une poche qui pendouille vers le bas (comme pour les testicules), c’est en général plus simple pour le sang de circuler, sans stagner… mais il faut savoir que ce genre de gène, voir de douleur peut aussi arriver aux personnes à vulve !
N’ai crainte cependant, ce n’est pas grave du tout ! Il suffit tout simplement de favoriser une bonne circulation sanguine pour désengorger la zone et que tout revienne à la normale ! Faire un peu d’exercice ou masser la zone peut beaucoup aider. Certaines personnes ont aussi eu de super résultats avec des exercices de respiration ou de méditation, en visualisant la tension se dissiper peu à peu et se répartir dans le corps. En cas d’absolue nécessité, tu peux aussi te masturber… mais bien entendu, je te recommande de tester les autres techniques avant (c’est quand même un article sur le contrôle d’orgasmes, merde) !
Ci-dessus, tu pourras observer une superbe représentation d’un testicule heureux et soulagé d’avoir retrouvé son espace vital !
“Hannnnn… d’acooord… mais il se passe quoi, du coup, si mes couilles sont trop pleines ?”
Et bien pour répondre à cette question, il faut d’abord éclaircir un point : l’éjaculation ne vient pas des testicules ! Contrairement à ce que beaucoup s’imaginent, les testicules ne sont pas des réservoirs à sperme qui se remplissent à volonté et doivent être vidées régulièrement…
Et c’est là qu’intervient un nouveau superbe schéma (attention les yeux) :
La “mouille”, aussi appelé liquide “pré-séminal” est sécrété par les glandes de Cowper (imagées en rose foncé). Son rôle est de lubrifier le canal de l’urètre pour faciliter l’éjaculation (et certainement aussi la pénétration). C’est un petit liquide transparent et en général assez neutre en goût, juste un peu salé, que tu peux voir perler au bout de ton gland en cas de forte excitation (en plus ou moins grande quantité selon les personnes). Rien à voir Avec le sperme, donc…
L’éjaculat (le produit de l’éjaculation), lui, est un mélange de tout un tas de trucs, dont, grosso-modo, l’écrasante majorité est produite par la vésicule séminale et la prostate (et seulement 1% environ de spermatozoïdes… c’est peu !), puis stockée en profondeur, dans l’urètre postérieur (dans la prostate).
L’éjaculation, n’a donc que peu de choses à voir avec les testicules (la preuve : on peut éjaculer sans soucis après une vasectomie ! ).
Les testicules produisent les spermatozoïdes, des cellules reproductrices, mais déjà, pas en continu jusqu’à l’explosion (le corps se régule) et, ensuite, le corps sait très bien re-absorber lui-même ses surplus de production de cellules ! Aucun risque donc, qu’elles ne soient “trop pleines” (hormis soucis de santé type tumeur, mais ça c’est encore autre chose).
Quant aux liquides sécrétés à droite à gauche, qui eux représentent une part importante des éjaculations, ils sont également assez facilement réabsorbés par l’organisme et/ou évacués en même temps que l’urine !
Dans tous les cas, le corps est bien fait et assure sa propre maintenance de façon régulière : par des érections plus ou moins nombreuses et pas nécessairement en réponse à des stimulis excitants (pour faire fonctionner le “pompe a sang” qu’est le pénis et assurer une bonne vascularisation) et par des éjaculations mécaniques (aussi appelées émissions ou pollutions nocturnes, car elles surviennent, en effet, le plus souvent la nuit, en particulier chez les jeunes gens).
Ces dernières peuvent d’ailleurs être instrumentalisées lors de jeux de contrôle d’orgasme et/ou de chasteté, car elles sont souvent très frustrantes, voir carrément humiliantes : elles surviennent sans stimulation (en tout cas tactile), sans érection, en général sans plaisir et surtout de façon complètement incontrôlées et incontrôlables ! Obtenir un soulagement intempestif du corps sans que la tension sexuelle et psychique n’ai une chance de l’être, est une si douce torture… ;)
Bon, tout ça c’est bien beau, mais la frustration, c’est de toute façon plus compliqué que juste les aspects physiologiques… Il faut trouver la discipline et la motivation nécessaire (surtout pour de longues périodes) et, émotionnellement, ça peut être compliqué de gérer : on est plus souvent sujet.te à la colère, l’agressivité ou à la tristesse lorsqu’on a pas eu d’orgasme / éjaculer depuis longtemps…
II - Les problématiques psychologiques : Discipline & gestion de la frustration
Comment surpasser la difficulté à rester discipliné.e ou motivé.e ?
Au-delà des questionnements physiologiques (dont on vient de parler), la difficulté la plus courante, même dans les pratiques plus “soft” de frustration, c’est celle de la discipline et de la motivation à rester fixé.e sur son objectif.
Le contrôle d’orgasme se pratique majoritairement en solo… compliqué, donc, de ne pas juste céder au désir et repartir dans des pratiques masturbatoires plus classiques.
Heureusement, j’ai quelques conseils pour t’aider :
La meilleure clé, pour l’auto-discipline (y-compis sexuelle), c’est de trouver un “pourquoi” fort, qui soit capable de te re-motiver en cas de coup de mou ou de doutes : pourquoi souhaites-tu introduire cette pratique dans ta sexualité ?
Trouve ta réponse et notes là quelque part où tu pourras régulièrement la voir (sur un post-it à coller sur le frigo ou qui deviendra le fond d’écran de ton portable, par exemple) !Une deuxième super technique est le renforcement positif : à chaque bon comportement ou bon réflexe, récompense ton cerveau pour lui indiquer qu’il est sur la bonne voie. Ça peut être une récompense type “friandise”, qui se mange ou un cadeau que tu t’offres à toi-même. Mais ça peut tout aussi bien être juste le fait de cocher une case dans un calendrier, pour les jours où tu auras tenu (par exemple, un trait pour les jours où tu t’es masturbé.e sans avoir d’orgasme et deux, donc une petite croix, sur les jours où tu es resté chaste (voir image ci-dessous) ! Tu auras alors le plaisir de voir ton calendrier se remplir progressivement et cela aidera grandement ta motivation.
Va-y progressivement ! Pose toi des objectifs progressifs et réalistes ! Il est fort probable que tu aies du mal à tenir si tu décides de passer d’un rythme de masturbation quotidien à plus de masturbation du tout pendant un mois. En revanche, introduire une notion de chasteté progressivement, en t’autorisant des petits exercices de frustration 3 fois dans la semaine (histoire de rajouter un peu de challenge), 3 masturbations et un jour de chasteté stricte, en augmentant progressivement la difficulté, à mesure que ça deviendra plus facile pour toi, sera bien plus facile et agréable à faire et à tenir !
Fais toi accompagné.e : de ta.on / tes partenaire.s ou d’un.e professionnel.le. S’engager auprès de quelqu’un d’autres et être deux à jouer avec ton objectif sera bien plus motivant que de t’y prendre totalement seul.e.
Je te recommande fortement mon programme d’entraînement au contrôle d’orgasmes (qui arrive très bientôt dans ma boutique !) que j’ai conçu en pensant à tous.tes cell.eux qui n’ont pas forcément l’envie ou les moyens de se faire accompagner mais qui recherchent quand même une bonne structure, sur laquelle se baser pour progresser et jouer au mieux avec ces pratiques… A bon.ne entendeur.euse ;)
Contrôle d’orgasmes & gestion émotionnelle
Le fait de jouir ou de s’en empêcher, c’est physiologique, certes, mais une part de la physiologie qui a beaucoup d’influence sur nos sécrétions hormonales… et donc un effet AUSSI sur les émotions !
Tout le monde n’est évidemment pas à la même enseigne à ce sujet, car tous les organismes ont leur équilibre propre (peut-être ne sera-tu pas du tout impacté.e par de longues périodes de frustrations d’ailleurs, ça arrive couramment !) mais c’est bon à savoir que cette possibilité, d’impact sur les émotions, existe… pour pouvoir prendre cet effet secondaire en charge du mieux possible !
Evidemment, je le rappelle (c’est malheureusement loin d’être acquis pour tout le monde) : être frustré.e et ressentir de la colère, de la tristesse ou devenir plus agressif.ve, c’est ta responsabilité à toi et à toi seul.e. Ce n’est pas aux gens autour de toi et encore moins à ta.on/tes partenaire.s de subir les effets de ta frustration (que celle-ci arrive dans le cadre de jeux de contrôle d’orgasme OU qu’elle découle d’un refus de rapport sexuel par un.e/des partenaire.s, d’ailleurs) ! C’est donc à toi de remarquer ces ressentis avant qu’ils ne soient exprimés, d’accepter leur présence et de faire en sorte de les gérer au mieux.
Et ça, ça s’apprend ! Ne t’en fais pas, je ne te laisserais pas seul.e sur ce coup là. Voici quelques petits points pour t’aider à gérer, de façon plus responsable et saine, tes émotions fortes.
1 - Ne les fuis pas. Ces ressentis / émotions existent et ce n’est pas pour rien ! Accepte de ressentir ce que tu ressens, même si c’est vulnérable et très dur et même si tu n’en as pas l’habitude (il faut bien commencer quelque part !).
2 - Comprendre d’où elles viennent : conscientiser que les jeux de frustration sexuelle et/ou de chasteté sont un changement drastique dans les habitudes et l’équilibre de ta chimie de cerveau. Conscientiser, aussi, que c’est quelque chose qui se stabilisera avec le temps et que ton rôle est de te laisser le temps et de trouver des moyens de t’apaiser en attendant !
3 - Tenir un journal (papier ou sur ton ordinateur/portable), même un truc très simple et très sommaire avec la date du jour et ce que tu pourras formuler ou nommer de tes ressentis (même approximativement) suffira amplement ! Cela pourra te permettre de garder une trace, de suivre ta progression et même éventuellement, de conscientiser que ce genre d’émotions fortes, ce n’est pas la première fois que tu les ressens… et que la/les dernières fois, ça a fini par passer. Note ce que tu ressens (émotions et/ou sensations physiques), pourquoi tu le ressens et éventuellement ce que tu peux essayer de mettre en place pour te soulager.
4 - Les pensées alternatives. Ça peut aussi être une super addition à ton journal de bord ! Les pensées alternatives, c’est quoi ? Et bien c’est un petit exercice où tu vas faire de ton mieux pour reformuler tes émotions négatives, difficultés ou peurs (souvent biaisées par tes émotions du moment), pour en faire quelque chose de plus constructif, donc positif !
Quelques petits exemples :
“Toute cette peine pour rien…” devient : “Je fais de mon mieux pour rajouter encore plus de piment et de plaisir dans ma vie sexuelle ! Ce qui fait que c’est difficile maintenant rendra les choses encore plus intenses lors de ma prochaine session de plaisir !”
“Rien qu’une masturbation et tout ça rentrerai dans l’ordre…” devient : “Rien que quelques heures / jours de contrôle et je serais soulagé en plus d’âtre fier.e de moi ! Pour le moment, j’ai l’opportunité d’apprendre à vivre et à accepter ces sensations/émotions désagréables, c’est un super exercice pour la gestion de soi !”
“J’ai craqué, je suis vraiment minable…” devient : “J’ai fait de mon mieux et je reprends les choses en main dès maintenant pour faire encore mieux la prochaine fois ! Ce n’est pas grave de ne pas avoir réussi, je n’abandonne pas !”
5 - Trouver (potentiellement à l’avance), des marches à suivre, étape par étape, pour te permettre d’avoir des instructions claires dans les moments de crise. Changer de position, jouer avec un “choc” de température (bouillotte sur le ventre, boire un thé ou une boisson fraiche, se mettre de l’eau glacée sur le visage, etc.) peut aider à réguler les émotions et à te ramener à un état “neutre” et peuvent être de super premières étapes de ta marche à suivre.
6 - Prends le temps d’inspirer et d’expirer profondément et lentement, au moins trois fois de suite ! Réguler sa respiration, c’est aussi réguler son rythme cardiaque, son oxygénation et donc libérer ton organisme d’une partie des tensions ou du stress qu’il ressent !
7 - La technique “5, 4, 3 2, 1” peut aussi beaucoup aider à te réguler, en ramenant ton attention au moment présent et à ton environnement ! Prends ton temps, pose toi le plus confortablement possible et liste : 5 choses que tu peux voir, 4 choses que tu peux entendre, 3 choses que tu peux sentir, 2 choses que tu peux toucher / sensations physiques que tu ressens et 1 chose que tu peux goûter. C’est tout bête, mais ce genre de petit exercice peut vraiment aider à s’apaiser !
III - Pour un contrôle d’orgasmes sur-mesure
Trouver la/les pratique.s qui sont faites pour toi (et un peu de vocabulaire)
On en a déjà parlé plus haut : le contrôle d’orgasme, c’est tout un tas de pratiques plus ou moins courantes et tout autant de vocabulaire spécifique ! Voici, donc, un petit condensé, plus détaillé, de la palette (non exhaustive) des pratiques qui existent au sein de cette fabuleuse discipline…
Les JOI (Jerk Off Instructions), qu’on pourrait traduire par “instructions de masturbations” sont certainement les plus courants ! Déjà ils sont adaptés à toute situation (sexe vanille, dom “soft”, dom “hard”, aussi bien pour les débutant.es que les confirmé.es…), mais surtout ils rajoutent énormément de piment dans la sexualité (en particulier lorsqu’on est un homme cisgenre et hétérosexuel et qu’on meurs d’envie que quelqu’un prennes les choses un peu en main, joue avec la tension et notre plaisir…). Rythme de masturbation, gestes, pauses, décompte ou limite de temps, autres façons de se masturber qu’à la main, le JOI peut piocher un peu dans tout ça, avec plus ou moins de jeu, d’érotisme ou de fermeté, selon la personne et l’effet recherché !
Les exercices de frustration ou de denial, correspondent au fait de jouer avec la tension et l’excitation, tout en refusant la moindre stimulation physique et/ou sans donner l’autorisation de jouir. Ça peut prendre la forme d’obligation à regarder ou écouter du contenu érotique ou pornographique ou bien de stimulation indirectes et trop légères pour vraiment rentrer dans la cadre de la masturbation (j’ai un soumis qui convulse de plaisir rien qu’en entendant le bruit d’un vibromasseur ou en sentant des caresses douces au niveau de son ventre ou de ses cuisses, par exemple). L’idée, c’est bien-sur de faire monter la tension et de rendre fou.lle sa.on partenaire de jeu… mais sans donner la moindre chance au désir de se concrétiser. Et comme quand on arrête, l’excitation finit toujours pas retomber un peu, mais peut revenir très vite une fois qu’on reprends… j’aime beaucoup, aussi, multiplier les exercices de frustration… au court d’une même journée, par exemple ;)
L’orgasmes ruinés (souvent confondu avec le denial) est, quand à lui, un moyen de laisser un peu de tension sexuelle être libérée… mais en mettant complètement de côté la jouissance liée à l’éjaculation et/ou à l’orgasme, en masturbant puis en stoppant toute stimulation juste au moment du point de non-retour. C’est un exercice qui demande énormément de self-contrôle (car il faut s’arrêter et ne pas succomber à la tentation de continuer sur sa lancée) et de connaissance de soi / de sa.on partenaire (car il faut savoir pile poil quand s’arrêter…), mais, une fois qu’on arrive à jouer avec, ça peut être un super outil à utiliser pour jouer avec le contrôle d’orgasmes, laisser durer le plaisir de la masturbation plus longtemps, tenir plus longtemps lors d’un rapport avec sa.on partenaire et/ou jouir en même temps, car même si une éjaculation peut avoir lieu, l’excitation, elle, reste bel et bien présente (et l’érection aussi, en général) ! Et l’excitation restant présente… il s’agit d’un excellent moyen de frustration également (avoir le droit de se masturber… mais sans jouissance) !
Une variante de l’orgasme ruiné, c’est l’Injaculation (parfois appelée “orgasme à sec”) qui est une pratique parfois liée au tantrisme ou à la spiritualité et qui consiste à bloquer l’éjaculation en contractant le périnée ou en faisant un point de pression sur celui-ci (juste à la base derrière les testicules) pour empêcher l’éjaculat de monter et de sortir. Le plaisir, voir l’orgasme viennent alors, mais pas l’éjaculation. C’est une super technique si on souhaites réduire la quantité de mouchoir utilisée ou si on a pas envie d’en mettre partout / qu’on a rien pour essuyer.
Le milking (qu’on pourrait traduire par “traite”, en français, au sens de traire les vaches, par exemple), c’est le fait d’être contraint.e à éjaculer soit de façon régulière (deux fois par jour, par exemple), soit à répétition (dix fois d’affilée, par exemple), avec une notion de “rendement”. Le plaisir ou même le désir lié au fait d’éjaculer est alors complètement mis de côté et l’idée est de se concentrer plus sur la quantité que sur la qualité. J’aime beaucoup utiliser cette pratique comme punition, pour les soumis.es qui râlent ou ne s’investissent pas assez durant la période de chasteté : être contraint.e à faire ce qu’on voulait faire à la base, mais sans pouvoir s’arrêter là où on l’aurait voulu, ça calme souvent et ça encourage à un peu moins la ramener et à se satisfaire d’une période de chasteté (largement plus agréable, en générale). Un autre usage intéressant du milking, c’est dans le cadre de jeux de spermes : récolter son sperme pour le congeler dans un moule à glaçon et s’en servir plus tard, en session, aide en général beaucoup à atteindre ses objectifs CEO/I (cum Eating Orders / Instructions, donc instructions pour bouffer son sperme). Il y a aussi un côté très "objectivant ou démasculinisant au fait de détacher complètement l’éjaculation d’une quelconque notion de plaisir… et le milking peut aussi rendre plus facile l’introduction d’autres pratiques érotico/masturbatoires (le plaisir anal, entre-autre !).
Le cuckhold, je le mets ici car c’est une pratique qui peut être liée au contrôle d’orgasme, avec un aspect encore un peu plus humiliant… c’est le fait de rester chaste, pendant que sa.on/ses compagne.on/s s’amuse.nt avec d’autres personnes, qui les font kiffer comme jamais. Être exclus de la vie sexuelle de sa.on partenaire (définitivement ou ponctuellement) est un super moyen d’allier l’humiliation à la chasteté et/ou à la frustration ;)
Enfin, la chasteté, qui sera le sujet du prochain article, car il y a beaucoup de choses à dire… c’est le fait de ne pas, du tout, ni se stimuler, ni jouir pendant une certaine période. Elle peut se vivre “nature”, à la simple force de la volonté, ou avec un dispositif de chasteté (type cage ou ceinture de chasteté, par exemple) qui en plus d’empêcher toute stimulation, marque physiquement (par un objet contraignant et souvent fermé par un cadenas) qu’on est dépossédé.e de son sexe et de sa sexualité et qu’on remets leur propriété (en général sous forme de la clé du cadenas) à une personne tierce (dom ou non).
“J’ai très envie de jouer avec le contrôle d’orgasmes, mais je suis en couple…”
Encore une question qui reviens souvent, en particulier chez les hommes cisgenres (coucou, normes sociales, injonctions à la performances et masculinité toxique)…
On va faire rapide : même en vivant ta sexualité en couple, tu n’as absolument pas besoin d’éjaculer ou même d’utiliser ton pénis pour donner du plaisir à ta.on partenaire. Tu as une bouche, une langue, des dents, des mains pleines de doigts et il y a des tas d’accessoires très chouettes à utiliser à deux (vibromasseurs, dildos…).
En fait, passer par une période de frustration / contrôle d’orgasmes / chasteté en ayant une sexualité active en couple, peut même être très bénéfique pour votre relation ! Lorsqu’on a un pénis, on met facilement son sexe et son éjaculation au centre de tout : il doit bander et être dur pour pénétrer et il doit éjaculer pour signaler la fin du rapport.
Sauf que non ! La sexualité, c’est bien plus que ça ! Et justement, te/vous contraindre à poser ces injonctions de côté peut permettre de laisser de la place pour expérimenter pleins de nouvelles choses !
Vous pouvez parcourir le corps l’un de l’autre avec vos mains chaudes, vos lèvres, vos langues… même en restant loin des organes génitaux ! Vous pouvez vous parler, prendre le temps de laisser monter la pression, vous rendre fou.lles mutuellement. Vous pouvez utiliser un vibromasseur pour explorer vos sensations, tu peux te concentrer réellement sur le plaisir de ta.on partenaire… tu peux même, si vraiment iel raffole de la pénétration, lae pénétrer à l’aide d’un gode-ceinture ou d’un joli dildo, tenu dans la main !
Si tu souhaites entreprendre une période de contrôle d’orgasme / chasteté et que tu es en couple, tu n’as pas nécessairement besoin d’évoquer le BDSM à taon partenaire ou de lui demander de te dominer. Peut-être que tu peux simplement expliquer que ton objectif, c’est de te recentrer sur ses envies et son plaisir à elui et que si iel en as envie, tu seras ravie de combler ses envies sans impliquer ton sexe et/ou ton éjaculation…
En plus, comme je l’ai dit plus haut, mettre quelqu’un dans la confidence et avoir un.e partenaire de jeu peut permettre d’aller encore plus loin dans la pratique et avec plus d’intensité !
Conclusion
J’espère qu’après avoir lu tout ça, tu te sens plus serein.e et enthousiaste à l’idée de jouer avec le contrôle de tes orgasmes/éjaculations… Te voilà, en tout cas, de bonnes bases pour explorer ton plaisir et ton désir autrement !
Si tu as d’autres questions ou que tu rencontres des problématiques que je n’ai pas abordé ici, n’hésite pas à me contacter pour en discuter et/ou à laisser un petit commentaire ici, qui pourrait peut-être profiter à d’autres personnes :)
Dans tous les cas, je te recommande chaleureusement mon programme d’entraînement au contrôle d’orgasme en 4 niveaux qui va apparaître progressivement dans ma boutique (24 juillet et 24 août), pour t’aider à poser un cadre à tes jeux et à ta progression !
On se retrouve dans le prochain article (qui paraîtra le 1er août !) pour répondre à encore plus de tes questions, puisqu’il portera sur la chasteté et les cages de chasteté… A très vite ! ;)