7 codes du BDSM dont le sexe “vanille” devrait prendre de la graine…

Dom, sub ou switch, les amateur.ices de BDSM et de pratiques kinky sont souvent perçu.es comme de curieux.ses énergumènes pervertissant les rapports érotiques et sexuels… Mais on oublie trop souvent, que le milieu BDSM n’est pas dénué de philosophie mettant au centre l’écoute de soi, de respect de l’autre et le consentement, loin de là !

L’image du BDSM donnée au grand public est austère, sombre, pleine de dépravation, de honte et de violence et toute en rouge et noir. Certain.es recherchent et adorent ça et c’est tout à leur honneur… mais je pense qu’il est aussi bon de rappeler que le BDSM, ce n’est pas que ça et qu’il y a au moins autant de façons de le pratiquer que de paires Dom/sub !

Lorsqu’on parle de BDSM, ça devrait évoquer aussi les codes et concepts à la base de cette discipline : connaissance de soi, respect mutuel, communication et consentement, jeu, exploration de soi, safe-word, after-care, etc.

J’ai personnellement trouvé dans le BDSM des codes hyper rassurants et sécurisants que je n’ai, encore à ce jour, jamais eu l’occasion d’observer dans les rapports “vanille”, donc dans la sexualité dite “classique”. Et c’est bien dommage, car je pense qu’il suffirait de peu, de créer une brèche au travers des tabous, pour que la sexualité vanille puisses s’approprier quelques-uns de ces codes et devienne, elle aussi, un espace de consensensualité, d’exploration, de joie et surtout de jeu… donc un espace plus sain !

Et comme apparemment c’est chouette d’incarner les changements qu’on veut voir dans le monde… voici ma contribution, avec 7 codes du BDSM dont (je trouve) le sexe vanille devrait prendre de la graine !

1 - Le travail d’introspection perpétuel :
se connaître soi et connaître ses envies

L’introspection, même si c’est souvent oublié, devrait être la base, avant ET pendant toute relation BDSM. Les désirs, les envies et les limites n’étant pas figées et souvent en lien avec d’autres facteurs (à quel point on est excité.e, à quel point on a passé une journée de merde, ce qu’on a mangé (et même si on a mangé ou pas !), à quand remonte le dernier orgasme, les médications qu’on prends, le niveau de stress ou d’anxiété, le temps qu’on a eu pour se préparer le la façon dont on l’a fait, comment l’autre est aprèté.e, si l’échange se passe en réel ou en virtuel, etc.), il est important de faire un bon travail d’introspection et de rester à l’écoute de soi, recontextualiser ses désirs et limites, pour mieux se comprendre et pouvoir communiquer de façon responsable (et respectueuse de soi !) avec sa.on partenaire de jeu (plus d’informations à ce sujet et un même un petit guide de réflection dans le premier point d’un de mes autres articles : “Comment être un.e ‘bon.ne soumis.e’?”)

On devrait faire le même travail dans le cadre de nos sexualités vanilles : prendre le temps de nous écouter, d’explorer des choses en solo, de nous poser les bonnes questions. Faire ça, c’est soutenir notre épanouissement érotico-sexuel et c’est important !

Que ce soit dans le cadre d’une relation BDSM ou d’une sexualité vanille, que ce soit dans le cadre d’un rapport ponctuel ou sur la durée… relationner, rentrer en contact avec une autre personne et partager son intimité devrait TOUJOURS être source de plaisir et d’épanouissement.

Atteindre ça demande un sacré travail pour se connaître, s’écouter, communiquer avec soi, avec son/ses partenaires de jeu et ça peut nécessité de travailler sur ses traumatismes, tabous, le sentiment de honte et difficultés de communication… je recommande donc d’être accompagné.e, de façon régulière (ou au moins sur les débuts) par un.e bon.ne thérapeute (psychologue ou psycho-sexologue) ou Dom formé.e et spécialisé.e.

2 - Communication, consentement, sécurité et consensualité

A l’heure où les viols sont monnaie courante (et je le rappelle, il n’y a pas que les femmes qui peuvent être victimes de viols), il me semble important de valoriser et d’encourager une communication claire avant, pendant et après les rapports !

On peut dire que les vrais consentements doivent être REELS :

  • R pour Réversibles : on peut changer d’avis à tout moment, avant ET pendant l’acte !

  • E pour Eclairés : on dit oui à ce qui as été convenu ouvertement et c’est tout !

  • E pour Enthousiastes : un “Oh oui ! J’en ai trop envie !” sincère, ou rien !

  • L pour Libres : le consentement doit être donné librement et non sous la pression !

  • S pour Spécifiques : le “oui” ne concerne que ce rapport précis dans ces conditions précises… il n’implique rien d’autre ! Il faudra le re-demander en cas de changement de règles du jeux et à chaque nouveau rapport !

Et si tu as obtenu le consentement REELS de ta.on partenaire, tout n’est pas encore gagné, loin de là ! Le consentement c’est la base de la base… s’intéresser à comment on peut profiter au maximum du rapport partagé, c’est super important aussi !

Dans le BDSM, ces conversations sont très encouragées avant d’engager quoi que ce soit de plus poussé : on s’interroge mutuellement sur nos pratiques préférées, ce qui nous plaît, ce qui nous inquiète, sur nos difficultés, sur les choses qu’on aimerais bien essayer ou les objectifs qu’on adorerais s’aider à atteindre…

Bref, tout un tas de conversations super saines à avoir avec ses partenaires et qui ne devaient pas être l’apanage des rapports BDSM !

Prendre le temps de se poser avec sa.on/ses partenaire(s) vanille pour discuter librement de ce qu’on aimerais partager et explorer ensemble, sur nos ressentis et inquiétudes, sur nos fantasmes, ce qui nous excite beaucoup et nous rends complètement fou.lle de désir ou ce qui, au contraire nous freine d’avantage… C’est une super habitude à mettre en place pour éviter de tomber dans des rapports où chacun est concentré.e sur son plaisir personnel ou souhaites faire plaisir à l’autre… et de vraiment profiter, ensemble !

3 - Le sexe anal sur les personnes à prostate

Malheureusement, le sexe anal sur les personnes à pénis, encore plus sur les hommes cis-hétéros, reste peu normalisé et peine à sortir des catégories “kinky”.

Et pourtant, il me semble parfaitement normal et sain de souhaiter explorer ses zones de plaisir… On ne fait pas tout un foin du fait que les personnes à vulve aiment qu’on stimule leur “point G”, si ? Alors, pourquoi ce serait différent pour l’exploration du “point P” chez les personnes à prostate ?

Le tabou du trou à caca reste présent, certes… pour ça, il existe moultes solutions pour assurer le confort de toutes les personnes impliquées (faire caca un peu avant, utiliser des gants ou même faire un lavement !).

Le tabou de l’homme soumis, lui aussi, à la peau dure (un homme ça doit être fort et dominant, ne pas exprimer ses émotions et faire la bagarre, agrougrou homme viril, tout ça) et il est malheureusement admis que les pénétré.es sont automatiquement passif.ves et soumis.es…

Alors, je vais le dire une bonne fois pour toutes pour qui a besoin de l’entendre (enfin de le lire !) :

  • Non, quand on se fait pénétrer on est pas forcément passif.ve ni soumis.e ! On peut même dominer en se faisant enfiler et en kiffant ça !

    Et il n’y a aucun mal à être un homme passif et soumis !

  • Non, désirer et/ou apprécier la stimulation anale n’as aucun impact sur ton orientation sexuelle. Te faire enfiler des doigts ou des jouets (même de très gros jouets et même des dildos réalistes et bien veineux) dans les fesses ne te rendra pas bi ou homosexuel !

    D’ailleurs il n’y a absolument aucun mal à être bi ou gay !

Nous devrions tous.tes pouvoir explorer nos corps librement et sans honte, en particulier pour en tirer un maximum de plaisir ! Ne laisse pas les vilains tabous gagner : le sexe anal ce n’est pas un kink, même (et je dirais même d’autant plus) lorsqu’on a une prostate !

Faisons une place à la stimulation prostatique dans nos sexualités vanilles !
Et si tu souhaites explorer ce sujet ou trouver une base d’informations bienveillante pour te rassurer… Je te recommande la lecture d’un de mes autres articles : “La théorie du cul, les bases du plaisir anal” !

4 - Utiliser des jouets et des accessoires

Les jouets et accessoires, très courants dans les sessions BDSM, peinent malheureusement à se faire une place dans les rapports vanille… On crois beaucoup beaucoup de choses à leur sujet : on les accuse d’être responsable de pertes de sensibilité, de dépendances (ne plus arriver à jouir autrement) ou même de faire concurrence au partenaire !

Et ça c’est dommage, parce que sextoys et autres accessoires peuvent être de super moyens pour pimenter les choses et partager, ensemble, encore plus de plaisir !

Mention spéciale aux vibromasseurs, au sextoys clitoridiens à air pulsé, aux dildos (si si, je jure que se faire prendre par un dildo peut donner extrêmement envie de se faire pénétrer par sa.on partenaire… à bon.ne entendeur.euse), mais aussi à des accessoires qui peuvent permette de jouer avec les sensations et ramener l’attention au moment présent (bandeau pour les yeux, plumeaux, bougies de massages, etc.) et d’autres sextoys moins courants, pour les personnes à pénis et/ou à utiliser en couple (comme les fameux oeufs de TENGA ou leur nouvelle collection UNI, super intéressante, conçue pour se frotter délicieusement dessus (type humping)… seul.e ou à plusieurs !)

Utiliser des sextoys avec sa.on./ ses partenaire(s) permets, en prime, énormément de variantes hyper intéressantes :
- Se masturber devant l’autre en utilisant un sextoy pour l’exciter
- Se masturber l’un.e devant l’autre avec chacun.e son sextoy pour vous exciter mutuellement
- Masturber sa.on partenaire avec un sextoy et jouer avec son excitation / sa frustration pour laisser durer le plaisir

Bref… normalisons l’usage de sextoys à plusieurs, pour des rapports encore plus excitants et satisfaisant <3

5 - Cultiver l’esprit de jeu et d’exploration

Jouer… ce terme si léger, nous le laissons malheureusement trop souvent de côté, une fois l’enfance passée. Et pourtant, le jeu et l’exploration ne devraient pas avoir d’âge ! Et ça devrait s’appliquer aussi (et même surtout) à la sexualité !

Dans le BDSM, cette notion de jeu est assez présente : jouer avec l’autre, jouer avec la tension, jouer avec l’ambiance du moment, jouer avec le rapport de force, la tendresse, la bienveillance, la fermeté et la discipline…

Je vois trop souvent, dans la sexualité vanille, des rapports “sérieux” aux ambiances solennelles… comme si ce qui se passait était de la plus haute importance, qu’il n’y avait pas le droit à l’erreur et que la performance devait être parfaite… quel ennui !

La sexualité est largement meilleure quand on ris et qu’on s’amuse avec les sensations, la tension, le plaisir… taquiner l’autre en la.e frustrant est délicieux : qui ne sent pas ses tripes se réchauffer à l’idée d’un baiser presque donné, mais qui se laisse désirer ?

Pas besoin de tout savoir pour “bien” faire du sexe. Les “dieux” et “déesses” du sexe, c’est le plus gros des mensonges ! “Bien” faire du sexe, c’est admettre qu’on ne sait pas, explorer l’autre, flirter avec son désir, ses réactions, son plaisir. C’est rire, fort, se laisser de la place pour être pleinement soi-même et faire de la place à l’autre en l’encourageant à l’investir toute entière !

Oh, et tant que j’y suis : débander ou ne pas réussir à avoir une érection, ne pas mouiller assez, faire des pauses, péter, frouter, transpirer, s’entrechoquer les dents, se sentir un peu gêné.e, ne pas jouir ou avoir fait jouir, se rendre compte en plein milieu qu’en fait non, on est pas d’humeur à ça et commander un pizza, sortir du moment et penser à la liste de courses… tout ça, c’est normal et ça fait partie du jeu !
Je rêve du jour où ce sera normalisé !

6 - L’usage de safe-words

Un terme incongru dans la scène pour dire “stop” ou “j’ai besoin qu’on ralentisses un peu les choses”, ça change tout, lorsqu’on joue !

Certaines personnes (et je ne peux rien leur reprocher, j’en ai longtemps fait partie !) ont du mal avec l’usage d’un safe-word, parce que qu’elles ont déjà du mal à dire “non” ou “stop”, justement et, que dans ce contexte, l’idée d’utiliser un safe-word leur paraît juste inutile, voir gênant : la difficulté à communiquer reste la même… et en plus on rajoute un mot qui ne laisse (en théorie) aucune place à la confusion (là où un “non” ou un “stop” peuvent venir spontanément et être interprété (malheureusement) comme faisant partie du jeu et pas forcément comme de véritables limites).

Malheureusement, lorsqu’on doit dire “non” ou “stop”, on peut avoir peur de blesser l’autre, qu’iel se sente rejeté.e, nul.le, blessé.e dans son égo ou même se mette en colère… et ainsi avoir à justifier ou rassurer, en plein milieu d’un moment très vulnérable comme une séance ou une partie de jambe en l’air, de comment on se sent et pourquoi on a tant besoin de ralentir ou de faire une pause…

Ça ne devrai, évidemment jamais être le cas : un rapport à plusieurs, ça se fait à plusieurs et ça implique de faire attention à ce que toutes les personnes, à tout moment, se sentent bien et libres et soient dans de bonnes dispositions pour profiter à fond du moment… Mais force est de constater qu’oser dire “non”, ou “stop” ou même juste “j’ai besoin qu’on ralentisse”… c’est dur !

Et c’est là que peut intervenir le safe-word !

Moi je propose de le voir autrement : l’usage de safe-word peut rajouter de la complicité dans un rapport. En déterminant avant, ensemble, ce qu’un mot spécifique et totalement incongru (voir qui vous fait rire : s’il vous plaît choisissez des mots qui vous font rire, c’est si beau de rire pendant le sexe <3) et ce qu’il veut dire (en ce concentrant sur le positif : “stop” ça fait froid et un peu peur, mais “j’ai besoin d’un gros câlin”, c’est différent !) alors on dédramatise complètement ce qu’on a besoin de communiquer et les conséquences que ça pourrait avoir !

Un exemple, rapidement : vous convenez ensemble que “balançoire” veut dire “doucement, j’ai besoin qu’on prennes un peu plus de temps là dessus pour vraiment kiffer” et “tartiflette”, “j’ai besoin d’une pause pour boire, ou respirer ou faire pipi ou grignoter un truc ou faire un gros câlin”…

Imagine tu prends quelqu’un en levrette et tout d’un coup tu entends un “balançoire” à moitié soupiré et mal articulé émanant de la tête de ta.on partenaire, enfoncée dans l’oreiller… ça peut rappeler que la sexualité n’a pas à être sérieuse et formelle (comme on nous l’a souvent appris) et décoincer un peu les choses ! Tu sais que c’est le mot pour ralentir un peu le rythme et permettre à ta.on partenaire de s’approprier pleinement ce moment et de kiffer d’autant plus et ça te fait plaisir de savoir qu’iel souhaites tellement prendre son pied avec toi qu’iel se permet de ralentir un peu le rythme !

Alors, tu ralentis pour lui permettre de profiter encore plus et vous pouvez même rigoler ensemble : “qui cris “balançoire” en pleine partie de jambes en l’air, sérieux ?”

7 - l’after-care

D’after = “après”
Et care = “soin”, “attention”
L’after-care, c’est littéralement le fait de prendre soin après avoir partagé de l’intimité.

La sexualité (BDSM ou non), c’est vulnérabilisant… Et qui dit vulnérabilité dit soin, temps pour laisser la tension ou les émotions redescendre doucement. C’est communément admis, dans le cadre d’une sexualité vanille, qu’il n’y a que les connards/connasses qui laissent leurs amant.es en plan après une séance, sans même un câlin… mais moi je propose encore autre chose !

Et si dans sa sexualité vanille aussi, on se posait la question “de quoi j’ai vraiment envie / besoin après le sexe” (et si ce n’est pas de câlins dont tu as envie/besoin à ce moment là, c’est ok aussi) ? Et si on laissait plus de place à ce moment d’après ? (encore une fois, ça devrait aussi valoir pour les plans-cul ou les coups d’un soir ! Rapport ponctuel ou même vite-fait-bien-fait ne devrais jamais être un équivalent de “non respect” !)

Voici quelques idées à explorer… je te recommande de piocher dedans et/ou de réfléchir à ta propre liste et d’encourager ta.on/tes partenaire.s à faire de même, pour que vous puissiez partager ensemble ces informations précieuses et finir vos rapports en beauté !

  • Faire pipi (ça c’est obligatoire, surtout si on a une vulve !)

  • Se laver les mains et/ou les dents et/ou prendre une douche

  • Faire des câlins, des papouilles, des caresses, des bisous… bref, partager de la tendresse !

  • Lancer une playlist spécifique

  • Boire un thé, un café ou autre chose (rester hydraté c’est important !)

  • Faire une bouillotte

  • Regarder un épisode d’une série

  • Sortir prendre l’air (seul.e ou à deux)

  • Faire une sieste

  • Débrifer sur comment s’était, comment on s’est senti (moralement et physiquement), ce qu’on a adoré, ce qu’on a moins aimé, ce qu’on aurait aimé faire en plus ou autrement, comment ça peut être encore mieux la prochaine fois, etc.

  • Ne rien dire. Chut. Besoin de calme

  • Partir faire la vaisselle pour process les émotions et les sensations

  • etc.

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