Ces fantasmes dont il faut qu’on parle… (féminisation, gay/bi-forced, BBC, SPH, etc.)
Il y a, dans le BDSM (et pas que, d’ailleurs), certaines pratiques dont, je pense, il faudrait qu’on parle davantage pour comprendre où elles trouvent leurs racines et puisent leur sève, réellement se les approprier (de façon éclairée) et que jouer avec reste sain.
Sexisme, putophobie, homophobie ou encore racisme déguisé… aujourd’hui, j’ai envie d’en parler pour de vrai, déjà parce que ça m’évitera de me répéter, mais aussi parce que je trouve que c’est important d’ouvrir le dialogue sur ces sujets, pour vivre un BDSM sain et éclairé.
Et comme je sais que certain.es se sentiront attaqué.es par cet article (c’est toujours inconfortable d’être mis.e face à ses propres biais, en particulier dans un champ aussi vulnérabilisant que l’imaginaire érotico-sexuel), je re précise ici : je ne suis toujours pas dans une optique de kink-shaming, tu n’as pas à avoir honte de tes désirs. Cet article n’a pas pour vocation de diaboliser une poignée de pratiques, mais de t’ouvrir les yeux sur les oppressions dont elles s’inspirent ou qu’elles instrumentalisent et donc te permettre de te les approprier pleinement et réellement en toute connaissance de cause.
L’idée, c’est de t’informer, de t’encourager à pousser ta réflection et de te donner quelques outils pour que tu puisses les aborder de la façon qui te ressemble le plus. Parce-que l’intimité et l’imaginaire érotico-sexuel, on l’oublie trop souvent, mais ce sont des sujets éminemment politique qui déterminent beaucoup de qui on s’autorise à être et comment on voit les autres, bien au-delà de sous la couette…
Féminisation & sissification
Je vais commencer par là et ce sera certainement le point le plus long de cet article (lis-le attentivement et jusqu’au bout si tu le peux, c’est important), parce que j’ai reçu trop souvent (bien trop souvent) des messages de ce type (on s’entend, très problématiques) :
“Bonjour madame, j’aimerais que vous fassiez de moi une vraie femme en me faisant porter des strings et mini jupes, pour que je mérite de me faire violer par des hommes en sortant dans la rue ainsi.” (oui, c’est une vraie citation)
Au secours…
Ce qui me pause souvent problème avec ces pratiques (et qui pause problème ou au moins question à nombre de collègues, je le sais !), c’est qu’elles trouvent leurs racines aux bases même :
Du sexisme : reproduire des codes de sursexualisation ; poser la figure féminine en pouffe, victime, subordonnée, esclave, objet (potentiellement sexuel) au service de l’homme, poupée, soumise et vulnérable ; normaliser le viol envers les femmes, en particulier lorsqu’elles sont en “petite tenue” (voir carrément le considérer comme une sorte de gratification ou de récompense) ; poser une définition du “féminin” qui répond aux fantasmes d’une société oppressive et patriarcale (vêtements contraignants, inconfortables, faits pour plaire aux autres au dépit de son propre confort et parfois même de sa propre santé ou sécurité, maquillage, épilation, etc.)
De l’homphobie : certaines personnes n’envisagent même pas d’être légitimes à désirer et/ou aimer se faire pénétrer en tant qu’homme, car la personne pénétrée devrait toujours être une femme et/ou être dans un rôle de soumission… il faut donc se travestir ou “être une femme” pour avoir le droit de se faire pénétrer et/ou dominer.
De la transphobie : on peut tout à fait être une femme et avoir un pénis et il y a tout un monde entre se travestir ou se déguiser en femme pour fétichiser l’idée qu’on se fait de la féminité et se sentir femme, être une femme et vivre sa féminité - que celle-ci collent aux normes et aux standards ou non.
Et de la putophobie : coucou la fameuse insulte de pute, qui ne devrait pas en être une… la prostitution devrais toujours être consentie et, quand elle l’est, c’est un métier absolument louable. Il est temps de libérer la sexualité (y compris débridée et/ou tarifée) associée au féminin et de la célébrer plutôt que de l’oppresser et de la traiter comme une honte. Vivons nos sexualités librement dans les conditions qui nous rendent enthousiastes, tous.tes autant que nous sommes et peu importe notre genre ou notre sexe, merde !
Fiouf… c’était une bien longue et bien intense “introduction” à ce point… mais il y a, honnêtement, tant de choses à dire…
Les choses qu’on cherche dans la féminisation ou le sissification sont multiples et, pour le coup, je trouve qu’elles peuvent être tout à fait légitimes :
La honte dans l’objectifisation et la sur-sexualisation, dont une majorité des personnes sont victimes, mais qu’en tant qu’homme cisgenre, tu peux te permettre de fétichiser.
Porter des vêtements qui exposent au jugement et sont contraignant, mais travaillés avec des coupes et des textures souvent plus intéressantes (je souhaite à tout le monde de connaître un jour la sensation d’une robe ou d’une jupe doublée qui glisse sur des collants en nylon)
Se faire pénétrer par un pénis (ce qui n’est sensé être ni une honte, ni synonyme de faiblesse ou de soumission, en soit, je le rappelle)
Surjouer ou explorer sa sexualité, en flirtant avec ces notions de “chienne”, de “catin” ou de “petite pute”… éventuellement liée (ou non), à une notion de servir, comme un objet, un bon “vide couilles”, parce que mine de rien ça peut être très érotique d’être dépossédé.e de soi (lorsque ça se fait dans un cadre clair, défini et consensuel).
Devenir ce qu’on admire le plus (les femmes) en mimant leurs habitudes vestimentaires et comportementales (ou peut-être celle qu’on est, au fond, mais qu’on ne parvient pas à laisser s’exprimer ou à assumer, par peur de la violence que subissent les femmes trans. Toutes les personnes que la féminisation et la sissification ne sont pas des femmes trans, évidemment… mais je pense que c’est aussi un moyen, pour certaines, de pouvoir explorer ou exprimer ça dans un cadre plus sécuritaire que la vraie vie).
Explorer sa “féminité” (ou ce qu’on définit comme des traits plus “féminins”), car je pense qu’il y en a en chacun.e d’entre nous, à plus ou moins grande échelle…
Je vais le (re)dire une bonne fois pour toutes : Rien de tout ça n’est mal ! Tant que tu as conscience que ce sont tes privilèges qui te permettent de percevoir ces pratiques comme des jeux érotiques, parce que toi tu as le choix de quand, comment, pourquoi et avec qui tu incarnes, instrumentalises et t’approprie ce qui constitue des oppressions pour ENORMEMENT de personnes.
La “féminité”, en soit, n’existe pas. Ou du moins elle n’a pas de définition : c’est à toi de décider ce que ça veut dire pour toi et d’inventer ou de réinventer ta propre définition (en faisant attention à ne pas opprimer les autres au passage, car, je le rappelle : tes kinks et jeux érotico-sexuels ne doivent impliquer que des personnes consentantes en enthousiastes).
Porter des talons hauts qui empêchent de courir, des fringues hyper-sexualisées et contraignantes, des strings absolument minuscules et qui rentrent dans les fesses et se maquiller “vulgaire”, ce n’est pas “s’habiller en femme” (ni même en pute, d’ailleurs). C’est choisir des symboles vestimentaires d’oppression patriarcale pour se sentir vulgaire et “chienne”… et ce n’est vraiment pas le même chose !
Si c’est ton truc, fonce et éclate toi ! Mais je trouve important de garder ces nuances à l’esprit, par respect pour tant d’autres (dont moi) qui n’ont pas autant le loisir que toi de jouer avec ces codes de façon sécuritaire. Et même lorsque tu t’adresses à des Dominateur.rice, à des personnes potentiellement “habituées” à ces thématiques, veilles tout de même à bien choisir tes mots, à ne pas faire de définitions généralisée de ce qu’est la féminité (surtout si pour toi elle est dégradante), parle pour toi, au “je”, à la première personne, n’implique personne d’autre et essaie de développer et garder une conscience féministe dans ton discours (ce qui n’est absolument pas incompatible avec le fait de fantasmer sur le fait de porter des strings et de te faire démonter bien fort en te faisant traiter de bonne chienne, si c’est ce qui te rends fou.lle !)
A la base, être une femme (cisgenre ou non, d’ailleurs) n’est pas dégradant.
Les femmes c’est fort, c’est beau, c’est fière.
Et pour en finir avec ce point (déjà très long), j’aimerais te partager mon propre travail : le dernier niveau de mon programme de féminisation, car je le trouve juste. Celui-ci te permets d’explorer un peu des oppressions que vivent les femmes, de façon réaliste (femmes transgenres y compris, évidemment), de la puberté à l’âge adulte… et se conclut ainsi :
“Oublie tout ce qui as été dit, tout ce que tu as appris (savoure, au passage, le privilège que tu as de ne pas avoir à déconstruire TOUT ce qu’on t’as marteler dans le cerveau depuis ta naissance (…) et reprends le contrôle.
C’est quoi, pour toi, être une femme ?
C’est quoi, pour toi, être toi ?
C’est toi qui décide ! Forge ton caractère, ton identité, laisse tout ça s’exprimer sans honte, inspire toi des autres, soutient autant que tu peux celles qui ont encore du mal à s’en sortir et surtout, sois humble, écoute, respecte et valorise toutes les autres façons dont les autres vivent leur féminité.Tu as désormais le droit de jouir, quand tu veux, avec le vibromasseur, avec tes doigts, dans la tenue et la lingerie que tu veux.
Tu as désormais le droit de te réapproprier l’insulte de “pute” et d’en faire un titre empouvoirant, parce que oui, tu as le droit d’aimer le sexe, de désirer, de penser à ton plaisir, autant que de dire non et d’envoyer chier les gens qui ne respectent pas tes limites : ils ne te méritent pas ! Au moins, tes sextoys te donnent du plaisir sans l’ouvrir, eux !
Tu as désormais le droit de choisir de t’épiler ou non, de porter de la lingerie sexy ou non, de porter des robes moulantes et des talons ou non, de te maquiller ou non… bref, de disposer de ton corps comme tu l’entends, et l’orner des parures qui te plairont, te feront te sentir beau.lle, sexy, ou juste à l’aise !
Accorde toi un après-midi de plaisir, plein d’exploration et de masturbation, plein de lingerie, si tu le souhaites, plein d’imagination de scénarii où tu es soumis.e ou dominant.e, plein de maquillage et de paillettes… jouis, une fois, deux fois, trois fois… autant que tu le voudras ! Après tout, c’est ton corps, et tant qu’à faire de te faire traiter de pute, autant l’assumer, en faire un choix, en jouir autant que tu pourras.”
Je te laisses avec deux petites références tout de même, pour pousser plus loin ta réflection…
Itziar Ziga, 2020, Devenir chienne, éditions Cambourakis. L’une de mes plus belles lectures de ces dernières années… que j’ai trouvé très important et très transformateur. Il parle notamment de la (ré)appropriation de la/sa/ses féminités, en particulier autour des sujets de sexualité épanouie et débridée… bref : on reste bien bien dans la continuité de ce sujet ! Je recommande chaleureusement sa lecture (très facile) peu importe son genre, ses kinks et son orientation romantique et sexuelle !
Victoire Tuaillon, Le coeur sur la table, Binge Audio éditions. Un superbe podcast qui a aussi été édité en livre et qui discute et requestionne les relations, en particulier les relations homme/femme, comment elles fonctionnent, pourquoi et surtout : comment on pourrait faire autrement pour s’épanouir toujours plus, ensemble. Il est parfait pour requestionner les normes liées au genre dans la société, surtout dans les sphères affectives et sexuelles.
Gay & Bi-forced
De la même façon, jouer avec le Gay/Bi-forced, quelque part, flirt avec deux idées très problématiques :
Déjà, une fétichisation d’une orientation sexuelle. Fétichiser quelque chose implique qu’on distingue cette dite chose de la norme… et donc qu’on la considère, plus ou moins consciemment, comme anormale. Or, je le rappelle, l’homosexualité, la bisexualité et la pansexualité sont extrêmement courantes et ce, depuis toujours. Fétichiser une orientation sexuelle ne fait que renforcer les préjugés et les oppressions qui blessent et traumatisent énormément de personnes concernées. Non, l’homosexualité n’est pas un kink.
La fétichisation du viol (un rapport sexuel forcé, donc pas complètement consenti… c’est bien ce qu’on cherche lorsqu’on parle de gay/bi-FORCED) et l’alimentation des préjugés positionnant les personnes ayant des relations homosexuelles comme étant des prédateurs avide de violence et forçant pour obtenir des relations sexuelles ou “convertir” à l’homo ou à la bisexualité.
Je le répète ici et t’invite à le répéter avec moi, car c’est important de l’avoir à l’esprit :
Le sexe anal n’est sensé être ni violent, ni douloureux, ni forcé, ni dégradant.
Le sexe anal n’est pas réservé aux homo/bisexuels et aux femmes. On peut être hétérosexuel et pleinement profiter des plaisirs que notre corps peut nous offrir (coucou la prostate)!
Être homo, bi ou pansexuel, ce n’est pas mal ou sale.
L’homo, la bi ou la pansexualité n’est pas quelque chose de contagieux et qui s’attrape. C’est quelque chose qu’on est ou qu’on est pas.
Les rapports sexuels forcés ne SONT PAS du sexe. Ni quelque chose de souhaitable. La sexualité homosexuelle n’est pas faite de violence.
L’homosexualité n’est pas un kink.
Le fétiche des BBC (big black cock -grosses bites noires)
Et si on arrêtais de fétichisme les personnes noires ?
Je peux entendre le fantasme sur les gros zizis, mais il y a des gros pénis de toutes les couleurs… alors pourquoi s’entêter à fétichiser une partie spécifique de la population ?
La catégorie BBC (et toutes les autres qui se basent sur des critères de couleur de peau ou d’origine ethnique), c’est tout simplement du racisme à l’état pur. Point barre.
Et le racisme, c’est caca, on en veut pas !
Si tu fantasmes sur ce genre de choses et que tu n’es pas raciste… alors ils est peut-être temps de te remettre en question et de travailler sur tes actes de racisme systémique (tu sais, tous ces petits trucs ou ces petites réflexions qu’on banalise, parce qu’on a l’impression que c’est pas si important…).
SPH : les petits pénis méritent-ils vraiment l’humiliation ?
Le SPH (small penis humiliation), c’est tout un monde. Certain.es m’ont fait beaucoup rire à m’envoyer des photos de pénis de taille parfaitement normale, voir grande taille… en me demandant de me moquer des dimensions de leur “petite bite”…
Si tu souhaites jouer avec ça dans un rapport humiliant et consenti, soit ! Je suis toujours ravie de pouvoir opprimer un peu des hommes quand ceux-ci me le demandent… Mais honnêtement je n’ai rien, bien au contraire, contre les petits pénis.
Je pense qu’il faut vraiment arrêter avec cette virilité mal placée… la taille du pénis déterminerait où on est sur l’échelle de la virilité de 0 “je suis une femme / je ne mérite pas d’être un homme” à 10 “J’ai une grosse bite, je peux faire jouir les femmes avec et je suis un homme alpha trop viril”… AU SECOURS !
Déjà, avoir un pénis ou non, peu importe sa taille ou sa forme, n’as rien à voir avec l’identité de genre. Du tout. On peut avoir un giga gros pénis et être une femme ou avoir une bite riquiqui et être un homme (oui, très viril si tu veux).
Ensuite, l’inverse de la masculinité ou de la virilité (si tant est qu’il y ai un contraire à ça), ce n’est certainement pas le féminin, souvent lié à la faiblesse et l’humiliation. Avoir des caractéristiques plus féminines (et je le répète : la taille du pénis n’en fait pas partis) est bien loin d’être une honte ou une humiliation. Les femmes sont fortes et fières. Elles peuvent même être viriles si elles en ont envie !
Enfin, la taille du pénis ne définit absolument pas le plaisir que tu peux donner à tes partenaires (et encore moins les orgasmes que tu peux leur offrir). D’ailleurs, répète après moi :
LA PENETRATION N’EST PAS SENSEE ETRE CENTRALE DANS UN RAPPORT. LE PENIS NON PLUS.
Je n’ai jamais été aussi comblée au lit qu’avec les personnes ne se servant pas ou peu de leur pénis (qu’elles en aient un très gros ou un minuscule), mais prenant le temps de s’intéresser à mon plaisir autant qu’au leur.
L’écrasante majorité des personnes à vulve jouissent bien plus facilement via des stimulations externe que par la pénétration. Celle-ci reste plaisante, bien évidemment, pour la plupart des personnes… mais de là à la faire passer avant tout… non. Juste non.
On peut faire des TONNES de trucs extrêmement chouettes, dans la sexualité, lorsqu’on s’autorise à mettre la pénétration de côté : s’explorer, se caresser, se toucher, utiliser des sextoys vibrant, pulsant ou pénétrants, se masturber contre le sexe de sa.on partenaire… laisse ton imagination te guider et ose proposer des trucs !
Et puis, un vagin, ça se contracte pour épouser la forme du pénis : ce n’est pas juste un tube béant avec des dimensions fixes ! J’ai été pénétrée par de très petits pénis autant que par de très gros… et la taille du sexe de mes partenaires n’a jamais joué dans la quantité de plaisir ressentie !
La taille du pénis (ou même sa présence ou son absence) n’est pas (du moins ne devrait pas être) un marqueur de masculinité ni un indicateur de à quel point tu es un bon coup ou non !
Bref, éclate-toi avec le SPH si c’est quelque chose qui te rends fou.lle, je suis toujours ravie d’accompagner ce genre de pratiques aussi… mais fais-le en toute conscience de ces réalités, par pitié !
Impuissance ou éjaculation précoce
On reste dans la même veine avec encore un truc tout caca virilité de merde… l’injonction à la performance (surtout quand on a un pénis) et donc à bander bien dur, bien longtemps et à ne pas éjaculer trop vite…
Ne pas réussir à avoir ou maintenir une érection ou éjaculer de façon précoce (je rappelle, au passage, qu’on ne parles d’éjaculation précoce que lorsqu’elle survient avant ou dans la minute de la pénétration) n’empêche pas d’avoir une vie sexuelle très épanouie !
Beaucoup de choses peuvent être à la source de ces “troubles” et te mettre la pression là-dessus ou traiter ça comme quelque chose d’humiliant, n’arrangera rien !
Tu as des mains pleines de doigts, une langue, un pénis (flasque, certes, mais ça, on s’en fiche) et il existe des tas de lubrifiants, des dildos et vibromasseurs, qui combleront certainement bien plus n’importe quelle femme que le fait que tu sois capable de baiser pendant 30 minutes ou plusieurs heures non-stop !
Fait preuve d’inventivité ! Encore une fois, le pénis et la pénétration n’ont pas à être au centre des rapports sexuels, il faut arrêter avec ça ! On peut d’ailleurs rester parfaitement chaste (dans le cadre de son entraînement BDSM, par exemple) et avoir une vie sexuelle très épanouie en offrant à sa.on ou ses partanaire(s) du plaisir… sans jamais impliquer son sexe à soi.
Encore une fois, si c’est ton truc et que tu apprécies qu’on joue sur cette corde sensible pour t’humilier, je n’ai absolument aucun problème avec ça ! A condition que toi et ta.on ou tes partenaire(s) de jeux ayez conscience de tout ça et que l’humiliation a un cadre et y reste…
Gynarchie, supériorité absolue des femmes et commandement suprême des femmes sur et au détriment des hommes…
Celle.ux qui me connaissent déjà un peu savent que je suis une féministe invétérée et chevronnée : je suis à fond pour le droit des femmes et je suis même un chouillat misandre sur les bords (traumas obligent : “not all men but always men”)… mais de là à souhaiter sincèrement que les femmes gouvernent tout, non.
Inverser totalement les rapports de pouvoir et le sexisme… et bien ça reste des rapports de pouvoir et du sexisme quand même ! Et je ne trouve toujours pas que ce soit une bonne idée !
Sache que tu peux apprécier d’inverser la tendance, en prenant soin des femmes et prenant en main un maximum de charge mentale… sans que ça ne soit du gynarchisme ! Et, par exemple, si tu militais pour le droit des femmes et l’égalité des genres ou te formais une culture et une conscience féministe, plutôt que de fantasmer un renversement total des pouvoirs ?
Parce que (sans grande surprise), les amateur.ices de gynarchisme sont souvent plein.es de bonne volonté, mais aussi d’incohérences : renverser totalement les pouvoirs dans le cadre du jeu ou dans les fantasmes, oui… mais agir réellement et concrètement pour proposer un peu plus d’égalité entre les genres, ça… curieusement, ça passe moins bien ! Parfois même ça ne leur vient jamais à l’esprit !
Alors, entre deux sessions de fantasmes, renseigne toi, lis des livres et écoute des podcasts féministes (je te recommande très chaleureusement les couilles sur la table et le coeur sur la table, de binge audio !) et souvient toi que fantasmer la gynarchie, c’est bien… mais que latter la tronche au patriarcat de dedans et de autour de toi, c’est quand même vachement mieux !
Faisont la vie dure au concept de virilité, aux opressions, aux injonctions à la performance… et explorons librement !
Les relations, la sexualité et l’érotisme, même dans l’imaginaire, c’est éminemment politique ! N’oublie jamais que si tu ne peux pas tellement agir sur les normes et les mentalités entravantes, rien n’est figé à l’intérieur de toi et que tu peux tout travailler, tout remettre en question, pour une intimité qui colle toujours mieux à tes valeurs et à ce que tu aimerais voir dans le monde.
Nous pouvons tous.tes, chacun.e à notre échelle, faire la révolution du cul et de l’intime… et peut-être, qui sait, inspirer d’autres à nous suivre dans cette voie !
En attendant, keur sur toi, continue d’/e t’explorer et douce journée à toi !