Comment être un.e “bon.ne soumis.e” ?
“Comment être un.e bon.ne soumis.e ?”
C’est probablement l’une des questions qu’on me pose le plus depuis que j’ai commencé. Ma vision a évoluer (et continuera je l’espère), mais la forme de ma réponse, elle, reste semblable… il me semblait donc plutôt juste d’y répondre ici, publiquement, au moins pour vous donner quelques outils, au mieux pour lancer de belles conversations !
Alors, sans plus attendre, voici comment, selon moi, on devient un.e bon.ne soumis.e, en quelques points très simples, mais pas moins importants :
A faire seul.e :
Faire des petites sessions d’introspection pour conscientiser tes attentes, tes fantasmes et ton fonctionnement en tant que soumis.e .
Contrairement aux idées reçues, un.e soumis.e n’est jamais vraiment passif.ve. Je sais que lorsqu’on se soumet, on cherche à se décharger du poids des responsabilités, mais entre les sessions de jeu au moins et pour que ce soit plus agréable pour tout le monde, il faut impérativement (et j’insiste : c’est vraiment très très important) que la.e soumis.e prenne ses responsabilités. La plus grande de ces responsabilités (et malheureusement, c’est très frustrant, celle que beaucoup oublient), c’est de faire l’effort continu de se connaître soi-même.
Pour cela, rien de mieux que de “creuser en soi” et de faire des petites séances d’introspection régulières pour reprendre ses réflexions et les approfondir, se re poser des questions auxquelles on a déjà répondu (pour voir ce qui a changer) et/ou revenir avec un regard frais et un peu plus neutre sur ce qu’on a déjà noté pour se remettre en question ou faire un petit travail d’auto-critique. Le plus important est d’être honnête avec toi même : c’est normal de ne pas apprécier toutes tes pensées ou de ne pas être d’accord avec toi-même parfois. Tu pourras travailler ça plus tard, mais en attendant, ces pensées sont présentes et c’est important de les conscientiser pour partir sur une base saine !
Une séance d’introspection, c’est avant tout un moment à toi. Un peu comme une méditation, mais en plus actif. Le mieux est de te poser dans un endroit calme lorsque tu es dans de bonnes dispositions pour réfléchir, avec de quoi écrire ce qui te vient à l’esprit et éventuellement de la musique, à boire et à manger. Voici quelques petites questions pour t’aider à commencer, le mieux est de ne pas répondre à tout d’un coup, mais de te laisser le temps pour réfléchir, noter ce qui te vient spontanément et de creuser au fur et à mesure.
Qu’est-ce que c’est, “un.e bon.ne soumis.e”, “un.e bon.ne dom” et du “bon BDSM”, pour toi ?
Quels modèles ont forgés ton approche du BDSM (récits, pornos, fantasmes, expériences en virtuel ou en réel, observations d’interactions BDSM, etc.) ? Qu’est ce qui t’a rebuté, dégouté ou au contraire séduit là-dedans ?
Quelle est ta définition (idéale) du BDSM ? Comment aimerais-tu le pratiquer ?
Qu’est ce qui te rends d’humeur soumise ou te permets de plonger dans la “sub-space” (pensées, scénarii mentaux, musiques, contexte, tenues, etc.)
Comment pourraient commencer et finir des séances idéales ?
Lors d’une session, qu’est-ce que tu aimerais ressentir ? Pense à tous les sens (odorat, vue, ouïe, touché, goût) et aux émotions (tu peux chercher “roue des émotions” dans ton moteur de recherche pour t’inspirer) et essaie de préciser au maximum (à quelle intensité ? Dans quelles limites ? Comment, dans quelle position et/ou avec quel accessoire ? etc.).
Cela peut aussi être intéressant de te poser la question inverse : qu’est-ce que tu n’aimerais PAS ressentir ?Quelles pratiques as-tu déjà essayé ? Lesquelles te plaisent beaucoup ? Parmi celles que tu n’as pas essayé, lesquelles t’intriguent, t’impressionnent, te font peur, te donnent vraiment très envie ou te rebutent très fort ?
Si tu as du mal à en nommer (on tends à savoir nommer plus facilement ce qu’on a déjà fait et qui nous attire que le reste), tu devrais trouver facilement une liste de pratiques BDSM sur internet. Essaie de les répartir en trois listes : “oui, je veux !”, “peut-être…” et “non, ce n’est vraiment pas mon truc”.Qu’est-ce que tu attends d’une relation BDSM ? Des échanges virtuels ? Du réel ? Un peu des deux ? A quelle fréquence ? Quel budget peux-tu y allouer sans te mettre en difficulté ou en état d’anxiété financière ?
Repérer tes propres “red-flags”, les conscientiser et travailler dessus.
Pour celle.ux qui ne savent pas ou qui ne sont pas trop sûr : un red-flag (ou drapeau rouge, si on le traduit en français), c’est un comportement qui peut être toxique. Des red-flags, on en a tous.tes et ce n’est pas grave ! C’est en revanche très important de les conscientiser et de se pencher dessus pour comprendre d’où ils viennent et travailler dessus pour en faire quelque chose de sain.
Voici une petite liste non exhaustive de “red-flags” que je croise beaucoup et qui sont très communs au sein de la communauté BDSM. Tu te reconnaitras peut être dans certains, ce qui t'aidera certainement à travailler dessus et, même si ce n’est pas le cas, ça peut être une bonne idée de continuer à chercher !
“Je vous aime maîtresse, vous m’obcedez complètement, je ferais n’importe quoi pour vous.” Partir à fond, être presque obsédé par sa ou son dom (en tout cas les fantasmes qu’on en a), ne pas se raisonner et plonger tête la première, complètement “séduit”, vouloir tout donner, s’impliquer à fond, sur-protéger… ça peut ressembler très fort au fait de tomber amoureux, du fait du cocktail d’hormones que ça cultive dans le cerveau.
Ce que ça produit :
Pour toi, un sentiment d’impuissance et de désespoir, qui peut être plus ou moins agréable au début, car ça te mets dans une position où tu perds pied et donc le contrôle de la situation, mais qui peut vite tourner à l’obsession et devenir quelque chose de douloureux et/ou créer une dépendance affective.
Pour ta ou ton dom, ça rajoute la responsabilité de faire attention à toi et ta santé psy (risques de dépression, de crises d’angoisses, etc.), de poser plus de limites pour se mettre à l’abri et éviter que ça n’aille trop loin (harcèlement, débordement sur la vie privée, etc.)
Les relations BDSM sont des terrains très propices au développement de lien dépendance : on se rend vulnérable, on idolâtre sa ou son dom pour se sentir encore plus soumis.e, on fantasme beaucoup… Et c’est tout naturel de développer des émotions fortes autour de cette relation ! Dans ce cas, le meilleur réflexe reste la communication ouverte, pour briser l’aspect mystique et revenir à un rapport humain sain, entre deux sessions de jeu. Tu peux aussi proposer à ta ou ton dom de faire plus ample connaissance / faire preuve d’un peu plus de curiosité (dans la mesure du raisonnable, évidemment) pour qu’iel te paraisse plus humain.e et proche de toi.
Je sais que ça peut faire très peur au début, car ça implique de voir l’autre et de se détacher du fantasme, parfois très confortable, qu’on projette sur lui ou elle, mais promis, quand c’est bien fait, ça développe ENORMEMENT de complicité et ça intensifie encore plus les moments de jeu !“Je suis complètement soumis.e à vous, vous décidez de tout, je n’ai pas de limites.”
Tout laisser au choix du ou de la dom, s’en remettre à elle pour tout et être extrèmement passif (consciemment ou non). Penser que c’est le summum de la soumission de s’abandonner complètement, de s’effacer presque, d’avoir l’air d’une toile vierge et de ne rien laisser passer de soi (envies, désirs, peurs, limites, etc.).
Ce que ça produit :
Pour toi : de la frustration car tu n’obtient pas ou pas tout ce que tu veux, potentiellement sans comprendre pourquoi. De la difficulté à créer du lien et une certaine complicité avec ta ou ton dom. De la perte de confiance envers ta ou ton dom aussi, puisqu’iel ne parvient pas à être à la hauteur de tes attentes voir te blesse (physiquement ou mentalement). Ce genre de dynamique peut laisser des séquelles longtemps car elles t’exposent à des situations potentiellement violentes pour toi et créer des traumas plus ou moins importants (qui risquent de se répéter et de s’intensifier si tu ne prends pas les choses en main).
Pour ta ou ton dom : ça pose toute la charge mentale de la relation sur ses épaules et la.e place dans un état d’hyper-vigilence très épuisant et constant, produit par le fait de devoir être attentif.ve à chaque signal et à devoir l’interpréter très vite, potentiellement mal, puisqu’iel ne peux pas compter sur toi pour préciser les choses ou communiquer tes besoins ouvertement/verbalement. L’impossiblilité de créer une relation D/s épanouissante pour vous deux, de se lâcher avec toi / de t’accompagner au lâcher-prise (ce qui peut engendrer de la frustration mais également lui retirer tout le plaisir qu’iel prends à te dominer).
Tout le monde as des envies, des besoins et des limites ! Ce n’est pas parce que tu ne t’es pas encore assez penché.e sur le sujets pour que des réponses soient flagrantes que tu n’en as pas et que tu n’es pas en mesure d’assurer ta part de responsabilité seul.e. Le mieux, dans ce cas est de revenir aux bases et de renforcer ton travail d’introspection (en prenant pour base la petite liste de question du premier point de cet article, par exemple !).
Et je le rappelle, parce que c’est très important, mais : il n’y a pas une seule façon d’être soumis.e. On peut avoir ENORMEMENT de limites, ou alors n’être interessé.e que par une ou eux pratiques très précises, ça n’invalidera pas la légitimité à approcher un.e dom et/ou à faire partie de la communauté BDSM !
Partir très loin, tout.e seul, dans sa tête et projeter des choses sur sa ou son dom, en positif comme au négatif, le tout souvent de façon très drastique : imaginer qu’iel est très excité de nous voir nu ou entrain de suivre un ordre qu’iel a donner, qu’iel nous adore parce qu’iel fait preuve de bienveillance, qu’iel est fâché.e, nous déteste et/ou cherche à nous punir quand iel mets du temps à répondre (et pourquoi pas en rajouter une couche en renvoyant des messages paniqués).
En lien avec ce point, mais sous un angle plus spécifique : L’exhib’ peut, sans aucun doute être une grande source d’excitation et de plaisir, mais c’est quelque chose qui ne va pas de soit et qui ne doit pas se faire sans en avoir discuter avant. Envoyer des photos ou vidéos non sollicitées, des messages avec des détails “cochons” en étant persuadé qu’on le fait pour sa maîtresse et pour son plaisir (alors qu’en réalité, même de façon plus ou moins conscientisée, il s’agit de quelque chose basé sur le plaisir égoïste de s’exciter tout seul en s’exhibant à quelqu’un qu’on aimerais croire consentant et également excité par la situation), n’est pas un bon comportement.
Beaucoup de soumis.es sont tellement à fond dans leurs fantasmes qu’ils oublient de prendre du recul et de penser à autre chose que leur propre plaisir et excitation. Il faut bien comprendre que, même dans une relation tarifée, un.e dom n’est pas sensé.e être un réceptacle à fantasmes. C’est un discours qu’on entends trop peu, mais ton excitation est toujours ta et SEULEMENT ta responsabilité. C’est à toi de la gérer et de prendre en charge ses conséquences (soulagement ou frustration) (sans impliquer personne d’autre que toi, hormis consentement clair, enthousiaste et éclairé).
Ce que ça produit :
Pour toi : Beaucoup de frustration quand ta ou ton dom ne réponds pas à la hauteur de tes attentes. De la honte, éventuellement, quand tu te rends compte que vous n’êtes pas dans le même mood. Une sensation de rejet et/ou de solitude assez violente lorsqu’iel te ramène à la réalité.
Pour ta ou ton dom : devoir poser beaucoup de limites très strictes, enchainer les “douches froides” pour tenter de te calmer et de te ramener à la réalité et créer une distance qui, encore une fois, empêche un certain degré de complicité au sein de la relations D/s. Cela peut aussi la.e placer dans un état d’hyper-vigilance (très épuisant et qui peut avoir un impact sur sa vie et son temps personnel) si tu enchaîne les messages et as tendance à paniquer quand iel mets un certain temps à te répondre, te fâche ou deviens agressif.ve quand tu n’obtiens pas de réaction à la hauteur de tes attentes et/ou envoie des messages à caractère sexuel n’importe quand et sans y avoir été invité. Note aussi que beaucoup de personnes dans ce milieu, en particulier les femmes, ont été victimes d’agressions sexuelles, de comportement sexuel déplacé, de forcing et/ou de viol : recevoir des messages à caractère sexuel trop développé ou avoir en face quelqu’un qui part très loin dans son excitation/s’excite tout seul/projette de l’excitation peut réactiver certains traumatisme et être très violent pour ta ou ton partenaire.
Avoir besoin de savoir que ta ou ton dom est impliqué dans votre relation D/s, satisfait.e et fièr.e de toi, d’être reconnu.e, rassuré.e ou encouragé.e lorsque tu exprime certaines choses, est dans une position très soumise et/ou envoie des photos/vidéos est tout à fait normal ! Mais c’est important de distinguer un besoin que tu peux avoir, que tu peux communiquer à ta ou ton dom et auquel iel est libre d’accéder ou pas et un fantasme, quelque chose que tu imagine comme vrai et que tu projette sur la réalité.
Si tu te reconnait là dedans, augmente la fréquence des exercices d’introspection et essaie de conscientiser d’où te viens se réflexe d’essayer de prédire les émotions de la personne en face et/ou de lui prêter des émotions ou des intentions qu’elle n’as pas forcément. Est ce que tu as des attentes que tu t’as pas conscientiser ? Est ce que tu projette des fantasmes sur lui ou elle ? Est ce que tu as des traumatismes non résolus, liés à du rejet ?
Dans tous les cas, prendre le temps d’en parler à ta ou ton dom est toujours un bon réflexe. Essaie aussi de travailler en autonomie, de reconnaitre, autant que possible, ce genre de comportement (avant qu’ils ne se produisent c’est encore mieux) et de les éviter au maximum.
“Je suis en vrai soumis qui cherche une vraie maîtresse pour faire du vrai BDSM. J’en ai marre des pseudo dominatrices qui n’y connaissent rien et ne sont là que pour l’argent.”
“Vous êtes très jeune… être vous certaine d’être à la hauteur ?”
“Les vraies dominatrices ne se font pas payer, elles sont là pour leur plaisir, pas pour l’argent” ou “J’estime que pour le prix, je peux exiger certaines pratiques, même si elles font parties de vos limites, vous pouvez faire un effort… comme on dit ‘le client est roi’.”
Être persuadé d’être un super soumis, d’avoir les comportements parfaits et de tout savoir (en particulier mieux que sa maîtresse, surtout si elle est plus jeune), penser que sa vision personnelle du BDSM est une loi universelle, remettre en question la légitimité du travail du sexe (TDS) ou négocier des conditions au prétexte que tu paie.
Ce que ça produit :
Pour toi : t’enfermer dans un manque d’humilité qui ne t’aidera pas à t’ouvrir et à voir et te remettre en question sur les points que tu as à travailler (il y en aura toujours). Te faire rejeter et/ou agresser alors que tu cherchais simplement à te défendre et/ou à être rassuré.e.
Pour ta ou ton dom : devoir faire l’effort de se défendre / de devoir se justifier auprès de quelqu’un qui s’est déjà fait une idée. Être remis.e en question dans ses intentions et compétences et se sentir blessé.e voir, perdre complètement confiance en soi. La sensation d’être rejeté.e de la communauté BDSM par la communauté BDSM et s’en isoler (donc potentiellement ne plus se former, ne plus se remettre en question, ne plus évoluer, se poser en contradiction et développer des comportement toxiques de rejet).
Tu as le droit d’avoir des exigences et c’est normal de te méfier, en particulier si tu as vécu de mauvaises expériences par le passé.
C’est tout à fait sain de se poser la question de la compétence, de l’expérience et des intentions de quelqu’un. Dans le cas de relations tarifée en particulier, on peut se poser la question des intentions de la personne, de ses motivations et de son authenticité.
Je sortirais prochainement un autre article de blog pour en parler, mais ce n’est pas parce que quelqu’un se fait payer pour un service qu’iel n’es pas enthousiaste pour le faire ou qu’iel n’est pas authentique dans son approche et ses réactions. Dans la même ligne, ce n’est pas parce que quelqu’un ne se fait pas rémunérer qu’iel est authentique et que son approche est bonne.
Il faut garder à l’esprit que quand on rémunère une dom pro, on ne donne pas juste de l’argent à une personne alors qu’on aurait pu avoir la même chose gratuitement ailleurs : les dom pros se forment beaucoup, font des recherches, investissent dans des jouets, se déclarent et paient des taxes et des impôts, etc.
Si tu te retrouve dans cette situation, tu l’auras peut être deviner : le mieux est d’en parler ! Il est fort probable que ce dont tu aies besoin soit simplement un peu de réassurance de la part de ta ou ton dom. Prends le temps de te poser et réfléchis à ce qui t’inquiète exactement et à ce qui te fais douter et essaie de formuler des questions à lui poser pour avoir les informations qu’il te manque et te sentir en sécurité.
Dans tous les cas, évite de contacter des personnes qui ne t’inspirent pas confiance ou de débarquer dans leur messagerie avec ce genre de commentaire blessant : ça ne sera pas constructif pour qui que ce soit et tu mérites de dépenser ton énergie à la recherche de quelqu’un dont l’approche et le profil te mettent en confiance !
En y regardant de plus près, on peut, je pense, y voir des choses à travailler de son côté ou accompagné.e d’un.e thérapeute. De mon côté, quand je repère ce genre de comportement, je mets en garde mes soumis.es et prends le temps d’en discuter et de travailler là-dessus avec elle.ux. Mais si ça ne s’arrête pas, je mets fin à la relation, ne l’estimant pas saine ni pour moi (qui doit tout prendre en charge et être forcée dans un rôle), ni pour l’autre (qui a peu de chance de changer son comportement sans que la situation ne le force à le faire).
Dans tous les cas, il ne fait pas y voir là une menace d’être rejeté ou perçu comme une mauvaise personne, mais plutôt un encouragement à travailler sur toi et à devenir une personne meilleure et plus épanouie, tant dans tes relations BDSM que dans ta vie personnelle et professionnelle !
Petit aparté qui me semble important (un peu de prévention, ça ne fait jamais de mal) : il y a des red-flags à connaître chez les dom aussi! En voici quelques uns, auxquels faire attention quand tu contacte quelqu’un :
“Je suis une vraie dominatrice, je sais ce que je fais, tais toi.” Non. Dans une dynamique BDSM, la.e dom prends en charge beaucoup de choses, mais c’est quelque chose qui 1) doit se faire progressivement et en accord avec le rythme de chacun.e, 2) ne doit pas se faire au détriment de la communication (si quelque chose ne va pas, que ça va trop vite, que ça ne correspond pas à ce que tu aimerais, que tu es mal à l’aise, pas en confiance ou que tu as changer d’avis, tu DOIS pouvoir le dire et être entendu) et 3) ne doit jamais JAMAIS occulter le fait que vous êtes au moins deux dans la situation et que seul toi peut avoir le dernier mot sur tes besoins et limites.
La.e dom qui t’approche = red flag (c’est encore plus le cas quand c’est un.e professionnel.le et que ses services sont payants). Un.e dominateur.ice ne va normalement jamais vers la.e soumis.e en premier : étant donné que c’est lui ou elle qui aura l’ascendant dans la relation, c’est un comportement prétorial qui ne prédit en général rien de bon. Une relation BDSM saine commence toujours par de la communication et de la recherche de compatibilité.
“J’aime avoir tout pouvoir, c’est tout.” Un.e dom sain.e aura, normalement, elle ou lui aussi fait un bon travail d’introspection et sauras expliquer de façon plus développée et construite comment iel travaille et quelle est son approche.
“Les vrais soumis n’ont pas de limite” ou “Les limites sont faites pour être dépassée” “Avoir des limites, c’est avoir besoin de plus d’éducation. Un soumis devrait tout accepter de sa dom”. Non et re-non : Un.e dom sain.e se doit d’encourager sa.on soumis.e à poser ses limites et veille à ce qu’elles soient toujours respectées. Poser ses limites, dans toutes relations et en particulier dans les relations BDSM, c’est extrêmement sain et ça ne devrais jamais être remis en cause. Tes limites ne seront jamais “trop”, elles ne feront jamais de toi un.e mauvais.e ou un.e faux.sse soumis.e et je t’encourage fortement à fuir toutes les personnes qui te diront le contraire et à chercher de l’aide si besoin !
A faire lorsque tu es en interaction avec ta.on dom :
S’entraîner à toujours mieux communiquer
Les sessions d’introspections vont t’aider à poser les mots pour toi… mais ça ne suffit pas (encore une fois : Un.e soumis.e n’est jamais vraiment passif.ve)! Il faut aussi t’entraîner (et on a jamais fini de le faire) à exprimer toutes ces réflexions à ta ou ton dom.
Être un.e bon.ne soumis.e, c’est prendre ses responsabilités, prendre soin de soi pour être le meilleur compagnon de jeu possible et prendre soin de sa ou son dom… et ça passe par la communication aussi !
Une communication agréable, c’est :
Une communication claire, les phrases complètes et des propos bien articulés (j’aime bien rapeller à celle.ux qui se laissent un peu trop aller qu’iels ne parleraient pas comme ça à leur patron.ne. Je pense que c’est un bon degré d’exigence sur lequel se baser qu'and on s’adresse à sa.on dom)
Une communication transparente (ne pas attendre de la personne qu’elle devine des sous-entendus et ne pas sur-interpréter ses formulations à elle). C’est particulièrement important que beaucoup de dom pros sont neuro-atypiques et ont parfois des difficultés à lire entre les lignes.
Une communication à un rythme raisonnable et raisonné : pas tous les jours toute la journée, en particulier lorsqu’il n’y a pas eu d’accord là dessus, quand on dit stop, c’est stop, on ne presse pas les réponses et on n’attends pas de l’autre qu’iel réponde rapidement (même quand le message est en “vu”).
Une communication qui ne prends pas toute la place et ne deviens pas une source d’angoisse : on regrouppe tout ses messages en un pour ne pas faire trop de notifications, on ne supprime pas des messages déjà envoyés (à la rigueur on les corrige ou on les précise si besoin).
Une communication attentive et fonctionnelle : on prends le temps de bien lire les messages et d’y répondre de la façon la plus complète possible, en particulier lorsque des questions sont posées.
Une bonne façon de communiquer (en particulier quand on se sent dépassé.e) est d’utiliser le modèle “Fact - Feeling - Need - Request” ou Fait - ressentis - besoin - requête, en français. Pour t’aider un peu, voici un exemple tout simple :
Fait - Nos séances se finissent souvent vite et de façon un peu abrupte.
Ressentis - Je me sens souvent anxieux.se ou très triste une fois ce moment terminé.
Besoin - Je pense que j’aurais besoin qu’on prenne un peu plus de temps en fin de séance pour que je redescende en tension tranquillement et revenir à la vie quotidienne plus en douceur.
Requête - Pensez vous que la prochaine fois nous pourrions passer les 10 dernières minutes au moins à boire un thé et échanger en rangeant ensemble ?
Autre exemple :
Fait - Nous avons trouver une bonne complicité dans nos échanges, j’aime beaucoup le fait qu’on ai pu explorer la pluspart de mes kinks.
Ressentis - J’ai parfois l’impression de stagner, qu’on tourne en rond, qu’on fait souvent les mêmes choses. J’ai peur de me lasser et/ou de vous lasser.
Besoin - J’aimerais beaucoup qu’on approfondisse et qu’on trouve le moyen de renouveler cette tension.
Requête - Seriez vous d’accord pour vous lâcher encore plus la prochaine fois et qu’on teste ensemble mes limites ? Pourrons nous prendre un moment, en début ou en fin de séance pour discuter d’éventuelles nouvelles pratiques à intégrer et à explorer ensemble ?
Et un petit dernier pour la route, qui reprends un des red-flags qu’on a explorer juste avant (j’ai dit que c’était important de les communiquer à son ou sa dom, voici un exemple de comment) :
Fait - J’ai le sentiment d’être obsédé par vous.
Ressentis - Je sais que ce n’est pas sain : je vais faire mon possible pour m’apaiser.
Besoin - Une fois que je me sentirais plus sécurisé et que j’arriverais à vous percevoir comme une personne, je pense que cela pourrait grandement s’apaiser.
Requête - Seriez-vous d’accord pour qu’on échange à ce sujet ouvertement pour pouvoir m’aider dans cette voie ?
Il y a évidemment pleins d’autres façons de faire (toutes aussi valables !), mais, quand on ne sais pas trop par où commencer, je trouve que ce modèle aide beaucoup à structurer sa pensée et à mieux se faire comprendre. Je le pose donc ici, au cas où !
Une autre chose qui peut être très utile : partager tes notes d’introspections à ton ou ta dom. Telles qu’elles ou en retravaillant une synthèse. Vous pouvez même envisager de mettre en place un “cahier de liaison” ou une page partagée (sur google doc, par exemple), réservé.e spécialement à partager vos résultats de sessions d’introspections et à vous poser des questions mutuellement pour alimenter les prochaines !
Vous pouvez aussi prévoir (et tu peux prendre l’initiative de le proposer !) des moments d’échange pour faire le point sur vos ressentis, vos difficultés, vos besoins, etc.
Rester humble
Répète après moi (et recopie le 100 fois pour que ça rentre, si ça t’amuse) :
Je ne sais pas tout ni de moi ni du milieu BDSM et encore moins de la personne qui me fait fasse.
J’ai le droit de me tromper, de préciser les choses au fur et à mesure, de vouloir essayer des choses qui finalement ne me plaisent pas.
J’ai le droit d’apprendre et d’évoluer.
Tout ça, c’est valable pour moi et pour tous.tes les dom et aussi pour toi et pour tous.tes les soumis.es ! A baigner dans le milieu BDSM, on a malheureusement vite fait d’oublier tout ça… et c’est pourtant crucial !
Chaque dom, chaque soumis.e est unique. Chaque dynamique ou relation BDSM l’est aussi ! Peu importe ton âge, peu importe le nombre d’années d’expérience que tu as derrière toi, si cette réflexion, si cette humilité n’est pas au coeur de tes intentions, alors tu risque fort d’être un.e très mauvais.e soumis.e et de beaucoup t’emmerder durant tes sessions de jeu !
Au delà de soumis.e : tu es humain.e et sur ta propre trajectoire.
Au delà de dom : je suis humaine et sur ma propre trajectoire.
On a toujours à apprendre : des autres et de soi-même.
Distinguer les “moments de jeu” des “moments hors jeu”
Le BDSM est avant tout un jeu. Un jeu de pouvoir, un jeu excitant, un jeu érotique, mais un jeu quand même. Et même si ça peut être frustrant et dur à reconnaître, les relations BDSM sont aussi (et même beaucoup) faites de moments “hors jeu”.
Comme dans n’importe quel jeu, quand l’autre ne joue plus, alors il faut savoir s’arrêter, redescendre, ajuster son comportement, pour que le jeu… reste un jeu !
Un jeu, on est pas forcé d’y jouer et on y joue que lorsque toutes les personnes impliquées sont consentantes. On dit que le consentement doit être “REELS” :
Réversible : on a le droit de changer d’avis à tout moment.
éclairé : un cadre clair doit être discuté et posé au préalable pour savoir à quoi on consent.
Enthousiaste : on doit en avoir très envie et réellement motivé à l’idée de ce partage.
Libre : donc ne pas être forcé, donné sous contrainte.
Spécifique : il n’est valable que pour cette fois dans cette situation précise dans le cadre discuté.
Si on sort de ça, on sort du consentement et donc du jeu… c’est quand même dommage !
Pour éviter d’en sortir, tu peux :
Noter cet acronyme et le relire de temps en temps pour t’assurer de rester dedans.
Demander à ton ou ta dom où iel se situe par rapport à ça.
Demander à ton ou ta dom de discuter de règles claires, par exemple choisir un mot ou un code pour indiquer subtilement (mais clairement) qu’on rentre en moment de jeu et qu’on en sort (exemple : avec certains de mes soumis c’était “j’aimerais beaucoup un chaï latte, tu aurais envie de m’en servir un ?” ou “j’ai très envie de vous faire un chaï latte madame, est ce que vous en avez envie aussi?” - “oui, j’en ai très envie” ou “pas aujourd’hui” et en fin de séance “je n’ai plus très soif, ça te va si on s’arrête là ?” ou “je n’ai plus trop l’énergie de continuer à vous servir du chaï madame, est ce que ça vous conviendrait de vous arrêter là ?” - “aucun problème !” Et pouf, on repasse à de la conversation classique pour faire une transition douce et un peu d’after-care !).
Ne pas envoyer de photos ou de vidéos à caractère sexuel non sollicitées et/ou en dehors du contexte d’un défi reçu pour ton ou ta dom.
Ne pas te noyer dans des détails crus qui n’excitent que toi et ton côté exhib (non jean-michel (nom fictif, évidemment), je n’ai pas envie de recevoir un message me disant “j’ai insérer mon petit plug dans mon anus, mon pénis se tends en pensant à vous, il est tout dur et dégouline de partout, je vous imagine nue avec votre pilosité au naturel, miam” (ou quoi que ce soit du même genre) lorsque je me réveille de ma sieste. Eh oui, parce que tes dom ont une vie perso, des journées qui se passent mal, des interactions stressantes, sont parfois tristes, ou même mangent quelque chose… et que je t’assure qu’il y a beaucoup de contextes dans lesquels ça fait bizarre de recevoir ce genre de messages très très exhib’…
Et si on concluais ?
Il n’y a pas de bons ou de mauvais soumis, que de bonnes ou mauvaises paires D/s
C’est un bien long article pour en arriver à cette conclusion, mais ça reste le point le plus important : Il n’y a pas de “bon.ne” et de “mauvais.e” soumis.e. C’est la dynamique qu’on créé à deux, avec sa.on dom qui fait une relation D/s satisfaisante et épanouissante ou non… Il n’y a pas qu’une seule façon d’être un.e “bon.ne soumis.e”, de la même façon qu’il n’y a pas une seule façon d’être un.e “bon.ne dom”.
Ce que je considère comme un.e soumis.e absolument insuportable et inintéressant sera peut être la perle rare de quelqu’un d’autre - de la même façon que certain.es soumis.es aimeraient qu’il y ai plus de dom avec mon approche et d’autres qui pensent que je ne suis pas une bonne dom ! D’où l’importance d’être honnête avec soi-même, de faire régulièrement des petites sessions d’introspections et de savoir verbaliser ce qu’on a envie de partager, comment et avec qui. Bien choisir sa maîtresse ou son maître, c’est aussi bien se connaître et contacter uniquement des profils qui semble te convenir dans leur fonctionnement et limites et en discuter ouvertement dès le début.
Parfois on est novice, parfois on a pas eu la chance d’apprendre avec quelqu’un de sain et lui même éduqué sur la question et on a intégrer des mauvais automatismes. Parfois on pense tout simplement bien faire… et c’est ok, tout le monde se trompe, l’important c’est d’apprendre !
Ma vision à moi est centrée sur le bienveillance, la consensualité, le respect et la confiance mutuelle. Comme pour tout, tu n’est bien évidemment pas obligé.e d’adhérer à ça ! Le plus important, selon moi, c’est surtout d’avoir conscience de comment tu définis les choses, de ce que tu recherches et de garder à l’esprit que c’est ta vérité à toi, que tout le monde ne la partage pas et que, pour que ça se passe bien, l’objectif est de te rapprocher de personnes qui semblent être dans le même état d’esprit que toi.
Souviens toi : projeter des fantasmes sur quelqu’un, c’est caca. Mais faire ton travail d’introspection pour poser honnêtement les mots sur tes attentes et te rapprocher de doms qui semblent utiliser les mêmes mots et formulations et aborder les choses de la même façon, ça me semble plutôt sain, peu importe ton approche !
Alors : c’est quoi, pour moi, un bon soumis ?
Allez, je ne te laisse pas comme ça : puisque je me doute que ça t’intéresse, une petite synthèse s’impose.
Un.e bon.ne soumis.e sait rester humble et prendre ses responsabilités. Iel est curieux.se d’ell.ui-même, as conscience qu’iel n’aura jamais fini de s’explorer et fait régulièrement des sessions d’introspection qu’iel partage au mieux avec sa.on dom.
Un.e bon.ne soumis.e a conscience de ses red-flags et travaille activement dessus.
Un.e bon.ne soumis.e veille à être la.e plus claire possible dans ses propos, à exprimer ouvertement les choses sans me forcer à lire entre les lignes. Iel n’essaie pas non plus d’interpréter mes messages pour y trouver un sens caché et me donner des intentions que je n’ai pas.
Un.ne bon.ne soumis.e veille à ne pas faire peser sur moi le poids de son excitation et à bien distinguer ses fantasmes et ce qu’iel projette sur moi, de la réalité.
Un.ne bon.ne soumis.e sais que le BDSM est un jeu et sais faire et respecter la distinction entre les moments de jeu et les moments hors jeu.
Un.e bon.ne soumis.e a conscience que nous sommes deux humain.es avec nos failles, que nous avons nos vies individuelles et personnelles et place le respect mutuel et le fait de se laisser de la place pour vivre au coeur de notre relation.
Enfin, et sans-doute le plus important : un.e bon.ne soumis.e n’as pas besoin d’être parfait.e, simplement de chercher à évoluer et à faire de son mieux.