“Tu n’es pas un.e vrai.e soumis.e”

“Tu n’es pas un.e vrai.e soumis.e”, “Tu n’es pas assez soumis.e”…

Ce genre d’accusation, tu l’as peut-être, comme beaucoup, entendu plusieurs fois, de la part de dominatrices que tu as contacté. Et, je l’avoue, moi aussi j’ai eu à le dire plusieurs fois (même si peut-être pas avec ces mots là).

Au delà de cette phrase confusante, vous êtes aussi beaucoup à ne pas vous sentir à votre place dans le monde BDSM ou à ne pas comprendre pourquoi vous ne trouvez pas ce qui vous convient dans celui-ci ou personne, malgré les demandes, qui souhaites vous accompagner… que de frustrations (et pas de bonnes frustrations), dont j’ai déjà libérer quelques un.es d’entre vous en prenant le temps d’en discuter, alors voici, pour toi aussi, une bouteille à la mer, qui te permettra peut-être d’éclairer ta lanterne, de trouver des réponses, de mieux te comprendre et, donc, de mieux t’épanouir dans l’univers du BDSM.

HOP HOP HOP ! Avant de commencer, une petite précision : cet article sera un peu moins inclusif que les autres, car je vise ici principalement les hommes cisgenres (dont le genre correspond à celui assigné à la naissance), étant donné que ça va parler de normes, d’injonctions du patriarcat et de tout pleins de joyeusetés injustes qui touchent majoritairement cette part de la population !
Ceci étant dit… passons à la suite !

Première affirmation : si tu te sens kinky, soumis, si tu souhaites explorer les pratiques BDSM, tu es légitime à le faire !

Peu importe ce qu’on te diras, il n’y a pas qu’une seule façon de vivre sa soumission. En fait, je dirais même qu’il s’agit d’un spectre. Si c’est comme ça que tu souhaites te définir, alors tu es légitime à le faire !`

Un.e soumis.e peut : aimer être frapper, chercher de la tendresse et un sentiment de sécurité, aimer avoir peur, aimer être insulter, avoir besoin d’encouragements positifs, adorer le fist, détester le sexe anal, vouloir obéir au doigt et à l’oeil, être très brat’ et n’en faire qu’à sa tête, être super à l’aise en cage de chasteté pour de longues durées et remettre sa vie sexuelle entre les mains de saon dom, avoir envie que les séances se terminent par son éjaculation/un orgasme en point culminant, être servile au quotidien, ne se sentir soumis.es que dans des moments précis de forte excitation… bref, tu l’auras compris : il n’y a pas de règles.

MAIS… eh oui, parce qu’il y a un “mais” :y

Si tu cherches exclusivement du contrôle d’orgasme / des JOI (jerk off instructions = instructions de masturbation) et/ou du sexe anal “soft” tourné non pas vers de la dilatation ou de l’humiliation mais la stimulation de ta prostate et donc, ton plaisir et/ou à te retrouver dans un rapport de contrôle, de séduction et de prise d’initiatives “inversées” (par rapport à ce qui est strictement la norme)… alors oui, il est fort probable qu’il soit difficile pour toi de trouver un.e dom purement dom, qui aies envie de s’amuser avec toi.

Pourquoi ? Et bien parce que ces pratiques se trouvent dans une zone de flou, à mi chemin entre (ce que devrait en tout cas être) du sexe vanille, donc “classique” et des pratiques un peu plus kinky à base de dynamiques de pouvoir… étant donné que nous vivons dans une “superbe” (c’est du sarcasme) société patriarcale dans laquelle les hommes qui recherchent ce genre de choses… sont déviants.

Faire la révolution du cul

Vois-tu, tu cherches à vivre ce qui est globalement associé au “rôle des femmes” dans la sexualité vanille hétérosexuelle (en tout cas normée) : être passif.ve, se faire chouchouter, être accompagné.e et pris.e en main, avoir quelqu’un de concentré.e totalement sur ton plaisir (pour son plaisir, en plus !) sans aucune injonction à la performance, potentiellement un rapport de tension qui accompagne un lâcher prise, parce que l’autre prends toutes les initiatives et te surprends, une grande attention à la tendresse, des bisous dans le cou et tout partout… et c’est génial, parce que c’est une recherche que vous êtes ENORMEMENT d’hommes à partager sans trop oser le dire et que vous avez-là une clé pour libérer non seulement vos sexualités à l’échelle individuelle, mais aussi pour participer à remettre en question des normes oppressives pour tous.tes

C’est parfois dur, en tant qu’homme, de réclamer ça, d’ouvrir le dialogue en toute sérénité, parce que le monde et les gens peuvent être violents face à celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases… et puis cette foutue notion de virilité qui colle à la peau… mais est ce que fuir le sujet, éviter à tout prix d’en parler et continuer à partager une sexualité dans laquelle on ne peut pas totalement s’épanouir, ce n’est pas, au fond, repousser le problème, en attendant que les normes évoluent assez pour nous permettre de nous épanouir ? Et surtout, est ce que ce n’est pas un peu à chacun.e d’entre nous de participer à créer un monde plus doux et plus juste… et donc d’oser s’exprimer pour rediscuter les normes ?

Cette conversation, je l’ai eu plusieurs fois avec des concernés et, à chaque fois, elle a eu un effet très libérateur ! Parce qu’eux comme toi, vous pouvez faire la révolution du cul ! Toi aussi, tu as le droit de militer, même simplement à l’échelle de ta ou tes relations, pour défendre ton droit à accéder à une sexualité moins oppressive, plus épanouissante, libératrice, sans tabous et surtout qui te ressemble pleinement ! (note à quel point l’exclamation est présente : je crois fort en toi / en vous)

Alors, une bonne fois pour toutes, pour celle.ux qui ont besoin de le lire (tu peux même répéter comme un con tout seul chez toi si tu veux !) :

  • Être un homme et avoir envie de tendresse, c’est normal ! (yey !)

  • Être un homme et avoir envie que son partenaire prenne soin de soi, c’est normal ! (yey !)

  • Être un homme et avoir envie d’explorer la sexualité et le plaisir via des zones très érogènes et pas forcément génitales (les tétons, la prostate, le cou, etc.), c’est normal ! (yey !)

  • Être un homme et avoir envie que les initiatives, surtout dans les rapports de séduction et dans la sexualité, viennent de l’autre, c’est normal ! (yey !)

Ce qui n’est pas normal et pas juste, c’est que tout soit fait pour que ça n’ai pas l’air de l’être et pour que les personnes concernées (ce qui représente vraiment beaucoup de gens, je te jure) n’osent pas s’exprimer.

Mais alors, pourquoi je ne suis “pas un vrai soumis” ?

Tu te souviens de ce que je te disais plus haut ? Si tu t’identifie à ce terme, alors pas besoin de chercher plus loin : tu es soumis !

Mais maintenant que j’ai fait toute ma petite tirade féministe, peut-être que tu comprendra mieux : ce que tu cherches est certainement trop proche de la sexualité vanille pour la majorité des dom, surtout professionnel.les. Or, ces dernières.es sont en général spécialisée dans la domination justement parce que les pratiques dites “classiques” ou “vanilles”, ne font par partie de ce qui les intéressent / de ce qu’ils ont envie de partager.

Nous voilà donc avec une superbe boucle bouclée : Tu n’es pas “pas assez soumis”, tu ne recherches simplement pas des pratiques qui soient assez ancrées dans le BDSM pour intéresser des dom pros ou en tout cas pour rentrer las la case de ce qu’iels recherchent chez un.e soumis.e.

Et là tu me diras…

“Ok, mais comment je fais, moi, si j’ai envie de perdre un peu le contrôle, de me faire titiller la prostate ou qu’on me fasse tourner la tête ? A qui je m’adresse ?”

(Apprécions cette superbe transition vers la conclusion)
Eh bien voici je que je te recommande :

1 - En parler à ta.on partenaire actuel ou aux nouveaux partenaires que tu rencontres. Tu n’es même pas obligé de parler de BDSM ou de domination, simplement de ce que tu ressens et aimerais partager ! Si jamais ça peut t’aider, j’ai aussi rédiger un >> superbe article << (juste ici) qui évoque comment introduire le BDSM dans sa/ses relations et qui devrait pouvoir t’aider à trouver quelques points d’entrées, au moins pour ouvrir la conversation !

2 - Faire appel à des escort’ plus “classiques”, potentiellement un peu tournées vers le BDSM mais pas forcément. J’ai tout plein de collègues en ce bas-monde, non dominatrices, qui seraient absolument ravies de partager une ration tarifée libérée des normes sexistes !

Dans tous les cas : cherche des féministes, en général c’est beaucoup plus simple d’aborder l’idée de mettre le bazar dans les injonctions patriarcales avec des personnes déjà convaincues ;)

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